L’organisation de tâche de l’enfant dyspraxique

 

L’organisation de tâche est souvent mentionnée comme un défi majeur pour un enfant DVS.

La dyspraxie visuo-spatiale (DVS) ou trouble développemental de la coordination avec composantes visuo-spatiales (TDC-VS) sont des synonymes.

La dyspraxie visuo-spatiale touche les muscles externes des yeux au niveau de leur coordination. L’information visuelle de l’environnement à deux et à trois dimensions perçue par l’enfant (l’emplacement et l’orientation des objets) a un impact sur le guidage visuel et la détermination des paramètres du mouvement lors d’exécution d’actions motrices. 

 

Les gestes moteurs et visuels de l’enfant DVS

La planification et l’exécution des mouvements moteurs et visuels sont difficiles et fatigants pour un enfant ayant une dyspraxie visuo-spatiale. Ses yeux vont parfois « oublier » de voir certains détails essentiels par leur mouvement de recherche, localisation et fixation visuelle.

Ces difficultés impactent son fonctionnement. Le résultat escompté lors d’organisation dans les tâches tel que le rangement dans la chambre à coucher devient un défi pour l’enfant. Même phénomène pour retrouver des objets dans la salle de bain ou dans son espace de travail à l’école. Parfois, cela crée une grande frustration pour les personnes vivant avec lui à la maison et à l’école.

Pour avoir un espace de vie rangé, l’enfant a besoin de développer une organisation dans la tâche qui fait référence à des apprentissages procéduraux. Ceux-ci  sont souvent déficitaires surtout lors de comorbidité avec d’autres troubles neurodéveloppementaux.

À l’école, l’enseignant observe que l’enfant perd beaucoup de temps à retrouver ses cahiers et ses crayons dans son bureau. Il échappe souvent au sol ses objets personnels. Il a besoin de soutien pour pouvoir commencer les travaux demandés. Aussi, faire le ménage de son bureau est une tâche ardue ainsi que placer ses vêtements et autres objets dans son casier.

À la maison, le parent mentionne qu’il ne range pas sa chambre. Il a de la difficulté à retrouver des objets ou aliments dans la cuisine. La salle de bain est à l’envers après avoir pris sa douche ou son bain, etc.

 

 Que faire pour aider l’enfant ayant une dyspraxie visuo-spatiale (TDC-VS)

Pour que l’enfant trouve des solutions à ses difficultés d’organisation dans les tâches, il faut qu’il se sente soutenu dans ces défis. Si l’organisation du matériel dans les pièces de la maison est difficile pour les parents et ne fait pas partie de leurs valeurs, l’enfant ne verra pas l’importance et l’utilité de modifier son comportement et de fournir des efforts pour retrouver son matériel facilement à la maison et à l’école.

L’impact d’un TDAH (déficit de l’attention/hyperactivité) influence également le comportement de l’enfant. Ce trouble est en comorbidité avec plus de 50% des enfants ayant une dyspraxie visuo-spatiale (TDC-VS). 

Pour aider un enfant DVS dans son organisation des tâches, il est primordial que les objets usuels qu’il utilise soient constamment rangés et placés au même endroit dans la maison et à l’école. Par exemple, Justin prépare lui-même son déjeuner. Il mange soit des céréales ou des rôtis avec du beurre d’arachides. Dans cette situation, l’enfant a besoin de retrouver toujours au même endroit dans le garde-manger, les céréales, le pain et le pot de beurre d’arachides. Le lait devra se retrouver sur la même tablette du réfrigérateur. Pour la vaisselle et les ustensiles, c’est souvent plus facile car un tiroir et une armoire est dédiée à ces objets dans la cuisine. Cela demande donc la collaboration de toute la famille (parents et les autres enfants) à ranger le matériel utilisé par l’enfant DVS au même endroit et ce, dans les différentes pièces.

Fatigue visuelle et motrice lors de l’organisation dans les tâches

Au cours d’une journée, dû aux efforts qu’il doit constamment fournir au niveau moteur et visuel, l’enfant éprouve un état de fatigue qui peut perturber son comportement. Il est donc essentiel de lui fournir des adaptations pertinentes et un soutien plus personnalisé.  

Dans certaines situations, l’ajout de repères visuels facilite les gestes du regard afin de localiser le matériel nécessaire lors de l’organisation des tâches. Par exemple, dans le bureau de l’enfant, des cahiers ou cartables de couleurs différentes pour chaque matière est en envisager. Un petit carton plastifié et collé sur le dessus du bureau qui indique la couleur et la matière du cahier ou cartable à retrouver dans le bureau peut aider grandement l’enfant à s’organiser surtout si son attention est de courte durée. De séparer physiquement l’espace du bureau par des séparateurs ou du rangement vertical sur le côté du bureau sont d’autres adaptations facilitant le repérage visuel et l’organisation du matériel.

Les procéduriers visuels

Des procéduriers (liste des étapes à exécuter par l’enfant) sont aussi des outils pouvant aider l’enfant à s’organiser dans ses actions/tâches à la maison et à l’école. Ces procéduriers peuvent être faits avec des images, des mots ou de courtes phrases. Il faut déterminer avec l’enfant dans quelle situation il a besoin de procéduriers. 

Si l’enfant préfère un procédurier sous forme de mots ou de courtes phrases, assurez-vous d’écrire suffisamment gros  avec des doubles interlignes pour faciliter les gestes du regard lors de la lecture. Idéalement, utilisez le traitement de texte avec une police de grosseur 16 à 20 points tout en changeant de couleur à chaque ligne.

Lors de la mise en place de procéduriers, l’enfant doit comprendre le pourquoi d’utiliser cette modalité d’adaptation. Ce procédurier se construit en collaboration avec l’enfant pour qu’il cherche à déterminer, lui-même, les différentes étapes à exécuter afin de réussir à s’organiser dans la tâche et améliorer le rangement du matériel pertinent. 

Confiance et fierté de l’enfant

Tous les enfants ont besoin de développer leur confiance en eux et en leur potentiel. Ils veulent être fier de ce qu’ils peuvent réaliser au quotidien. L’enfant DVS a aussi besoin d’encouragements de la part de son entourage. Sa compréhension qu’il est unique avec ses capacités et ses défis est essentiel pour qu’il puisse développer son autonomie durant son enfance et son adolescence dans l’organisation des tâches.

La mise en place d’adaptations et des actions de réadaptation lui donnant diverses stratégies fournies en ergothérapie et par d’autres professionnels vont l’aider au niveau de ses difficultés motrices et visuelles afin d’obtenir un impact à long terme sur son organisation de travail.  

 Si vous voulez en savoir davantage sur la dyspraxie visuo-spatiale, deux formations en ligne sont disponibles par Jouer et Grandir.

Françoise Lespérance, ergothérapeute 

Adaptations scolaires: l’ergothérapie est-elle pertinente?

Les adaptations scolaires font références aux multiples moyens et modalités envisagés qui sont mis en place pour aider un enfant dans sa scolarisation et ce, dès son plus jeune âge.  Identifier les adaptations pouvant être requises demande une analyse globale des capacités de l’enfant et des tâches à exécuter. Pour cela, il faut cerner les habiletés visuelles, praxiques, spatiales et organisationnelles de l’enfant en relation avec les différents activités qui lui sont demandées lors des apprentissages scolaires. C’est un travail d’équipe facilité par une communication efficace entre les différents intervenants provenant de l’éducation et de la santé tout en étant en collaboration avec les parents de l’enfant.

Les adaptations scolaires sont indiquées de façon claire lors de la mise en place d’un plan d’intervention scolaire. Le milieu scolaire est responsable de mettre en place ce plan d’intervention avec la collaboration des parents. Le contenu du plan d’intervention facilite la compréhension des objectifs ciblés, la responsabilité des acteurs pour chaque objectif ainsi que les différentes modalités qui ont été retenues. C’est donc un élément central clarifiant les efforts de tous et de chacun ainsi que les moyens pris pour aider l’enfant. Le plan d’intervention est essentiel  dans le cheminement d’un enfant ayant des besoins particuliers pour qu’il vive des réussites tout au long de son parcours. Les parents et les intervenants s’assurent ainsi que les outils et moyens adaptés utilisés vont réellement aider l’enfant tout en étant intégrés dans une vision globale de sa situation.

 

Commençons par le commencement de la petite enfance!

Durant la petite enfance, l’enfant fréquente une garderie ou un milieu de garde où il développe sa motricité globale et fine. Il acquiert également des notions de perception comme les couleurs, les grandeurs, les formes, etc…Il apprend à développer ses habiletés langagières et sociales en interagissant avec les autres enfants et les personnes qui gravitent autour de lui. Le contexte familial est un atout non négligeable de toute la stimulation que peut recevoir l’enfant pour développer ses capacités et ses habiletés.

Parfois, l’enfant présente de grandes difficultés qui sont observés par les personnes du service de garde ou lors des visites médicales. Dans ces situations, une démarche diagnostique est recommandée et mise en place pour déterminer si l’enfant pourrait avoir un trouble neurodéveloppemental ou autres problématiques.

Les professionnels de la santé qui évaluent l’enfant (ergothérapeute, physiothérapeute, orthophoniste, médecin, psychologue,..) peuvent déterminer si le retard de développement est dû à un manque de stimulation ou s’il faut poser un diagnostic. Certains diagnostics sont déterminés avant que l’enfant débute sa scolarisation mais pas tous.

Il faut parfois attendre que l’enfant soit un peu plus vieux pour la passation de certains tests standardisés. Aussi, les informations provenant du milieu familial fournit des renseignements très pertinents à la démarche diagnostic.

Pour plusieurs enfants, les observations démontrant que les apprentissages scolaires représentent un défi apparaissent durant les premières années scolaires soit entre l’âge de 4 à 8 ans. C’est la période où l’enfant va expérimenter de façon plus structurée les outils scolaires réguliers ( ciseaux, crayons, efface, règle, trottoirs dans les cahiers,…) pour l’atteinte des objectifs d’apprentissage de la lecture et de l’écriture.

 

Certains enfants ne veulent pas découper ou colorier lorsqu’ils sont en milieu de garde ou à la maison.

Est-ce une question de motivation et d’intérêt ou une question de capacités motrices et visuelles? ou une question d’attention-concentration?

Difficile à déterminer!

Solution:

Mettre du matériel à la disponibilité de l’enfant, dans tous ses milieux de vie, faire des activités avec lui et observer son fonctionnement au fur et à mesure qu’il grandit!

 

Quand est-il nécessaire d’utiliser des adaptations pour les outils scolaires?

 

Lorsque l’enfant débute sa scolarisation,  son enseignant observe son fonctionnement. Il détermine ses forces et ses défis tout au long de l’année scolaire. C’est souvent suite à ces observations que l’enseignant peut demander une évaluation plus précise dans certaines sphères du développement de l’enfant. Parfois, le besoin est au niveau du langage et la référence sera en orthophonie. Pour d’autres enfants, c’est la motricité, l’organisation du travail et l’autonomie fonctionnelle (exemples: écrire les lettres dans les trottoirs des cahiers, attacher ses souliers, mettre ses vêtements dans le bon ordre et manipuler les boutons/fermetures-éclairs) qui sont les défis de l’enfant. Dans ces situations, l’enseignant peut référer en ergothérapie pour une investigation.

L’ergothérapeute évalue l’enfant et intervient pour maximiser son potentiel fonctionnel au niveau des activités de son quotidien. Par les interventions, il travaille les capacités et habiletés de l’enfant pour réussir les tâches comme écrire, découper, s’habiller, s’alimenter, faire son hygiène,etc… L’ergothérapeute peut également évalué la pertinence d’utiliser certaines adaptations qui sont nécessaires de mettre en place dans le milieu de vie et scolaire de l’enfant. L’objectif est de faciliter la tâche à l’enfant lorsque cela demeure un défi significatif . Par exemple, un adaptateur de crayon peut faciliter sa prise en positionnant adéquatement les doigts. D’utiliser une règle avec une poignée, un antidérapant et des lignes plus foncées peut également aider l’enfant à stabiliser la règle et mieux voir les traits lorsqu’il l’utilise.

Quels sont les adaptations scolaires les plus pertinentes?

 

Certaines adaptations fonctionnent bien pour un enfant et ne seront pas pertinentes pour un autre enfant!

Il faut bien cerner les défis et le potentiel de l’enfant dans son fonctionnement avant de déterminer ce qui doit être adapté et comment!

C’est un travail d’équipe entre le personnel scolaire, les parents, l’ergothérapeute et les autres professionnels de la santé.

 

Dans quelles circonstances, l’ergothérapeute peut-il recommander des adaptations pour faciliter les apprentissages scolaires?

 

Il y a une multitude d’adaptations scolaires qui peuvent être mis en place pour chaque enfant.  L’ergothérapeute peut apporter son soutien dans le processus d’analyse des supports pédagogiques qui seront pertinents à utiliser en fonction des capacités et habiletés de l’enfant.

En effet, l’enfant doit utiliser ses capacités visuelles, perceptuelles, praxiques, spatiales et organisationnelles dans plusieurs activités de son quotidien pour acquérir des compétences. Une des activités importantes que l’enfant doit développer et automatiser pour faciliter ses apprentissages est l’écriture manuscrite que ce soit en script ou en cursif. Lorsque cette activité demeure laborieuse et non fonctionnelle, il faut envisager une adaptation tel que l’utilisation d’un ordinateur pour compenser les difficultés de l’enfant.

L’identification et l’analyse des différentes capacités mentionnées précédemment aident à déterminer quel type d’adaptations envisagées aide l’enfant en difficulté afin qu’il puisse exécuter les tâches académiques demandées.

Voici un exemple concret:

Jérôme a 8 ans. Il est en troisième année du primaire dans une classe au régulier. Son écriture demeure laborieuse et difficile à relire depuis sa première année. L’ergothérapeute a posé une hypothèse de diagnostic du trouble développemental de la coordination (TDC) avec composantes visuo-spatiales. À partir des difficultés de l’enfant, l’ergothérapeute a proposé des adaptations facilitant le fonctionnement de l’enfant lors des tâches académiques. L’optométriste a confirmé les difficultés motrices oculaires de Jérôme. Par la suite, le pédiatre a posé le diagnostic (dyspraxie visuo-spatiale).

Par la suite, le milieu scolaire a adapté les situations d’écriture en fournissant un ordinateur à Jérôme lorsqu’il doit écrire des textes plus long. C’est la première adaptation de support pédagogique qui lui a été fourni lorsqu’il était en deuxième année. Cela a grandement aidé l’enfant dans l’élaboration des différents activités pédagogiques où il devait écrire. il est moins fatiguée en fin de journée et plus disponible en classe. D’autres adaptations scolaires ont aussi été mis en place comme l’utilisation des repères visuels et des marqueurs de couleur dans les exercices et examens, l’épuration du contenu visuel présenté, l’évitement de la copie du tableau à la feuille en fournissant des notes déjà préparées,…Toutes ces modalités sont inscrites dans son plan d’intervention scolaire.

En troisième année, Jérôme a maintenant des difficultés importantes qui ressortent lors de la manipulation des dessins et des divers travaux qui lui sont demandés en géométrie. L’ergothérapeute a fait le tour des capacités de l’enfant en lien avec cette tâche académique. Voici ce qui a été suggéré:

A) Au niveau visuel: Jérôme démontre des difficultés au niveau oculaire: saccade et recherche visuelle sur une feuille. Suggestion: Lors des exercices, obtenir de l’aide oral au besoin lorsqu’il ne réussit pas à bien repérer ce qui est dessiné.

B) Au niveau praxique: Jérôme ne réussit pas à reproduire divers dessins au niveau manuel. Son orientation dans l’espace est aussi déficitaire. Dans le plan d’intervention, la modalité qui est retenu est que Jérôme peut demander à une autre personne de la classe (enfant ou adulte) de réaliser la forme demandée pour lui sur la feuille.

C) Au niveau organisationnel: Jérôme a de la difficulté à déterminer la séquence des activités à mettre en place pour faire les exercices de géométrie. L’adaptation mis en place est un procédurier sous forme d’un tableau visuel (images et textes) qu’il positionne sur son bureau pour mieux déterminer les étapes à suivre et à exécuter.

D) Au niveau de l’écriture pour les réponses demandées lors des exercices, Jérôme peut le faire manuellement ou avec l’ordinateur dépendamment des situations car il utilise les deux moyens d’écriture;

E) Autre recommandation d’adaptation suggérée pour faciliter l’autonomie de l’enfant dans les années futures: utiliser un logiciel de géométrie où Jérôme pourrait lui-même faire les dessins et les calculs demandés en utilisant son clavier et la souris. L’apprentissage du fonctionnement du logiciel choisi est prérequis à une utilisation en classe lors des activités académiques.

En conclusion, l’ergothérapeute peut être un acteur important dans le processus diagnostic des troubles développementaux avec les autres professionnels de la santé. L’ergothérapeute établit  son plan d’intervention thérapeutique pour maximiser le potentiel fonctionnel de l’enfant. Il identifie des adaptations pertinentes et ciblées pour les outils et supports pédagogiques qui vont faciliter l’exécution des diverses activités scolaires demandées à l’enfant tout au long de son parcours académiques. Son éclairage sur les capacités de l’enfant et les moyens d’adaptations pouvant l’aider sont des informations précieuses à considérer et connaître lors de la mise en place du plan d’intervention scolaire.

Françoise Lespérance, ergothérapeute de Jouer et Grandir

Une formation en ligne de 6 heures et demie de vidéos accompagnées de documents imprimables sur la dyspraxie visuo-spatiale est disponible.

Cette formation est très intéressante et pertinente pour améliorer vos connaissances sur la démarche diagnostique, les capacités visuelles, perceptuelles et praxiques touchées par le trouble développemental de la coordination. Des sections de la formation sont attribuées aux adaptations pertinentes aidant les apprentissages scolaires et fonctionnelles Cliquez ici pour plus d’informations. 

Dyspraxie et la vision

Dyspraxie et la vision

 

La dyspraxie motrice est-elle au trouble d’apprentissage comme  la dyslexie, la dyscalculie ou la dysorthographie?

 

Il y a de plus en plus de sensibilisation et d’informations sur les différents troubles neurodéveloppementaux qui touchent un pourcentage important d’enfants lors de leurs apprentissages scolaires.

La dyspraxie motrice est présente chez environ 5 à 7% des enfants.

La dyspraxie motrice est un trouble de la coordination motrice dont le diagnostic officiel est le trouble développemental de la coordination (TDC). Il y a quelques années, cela se nommait TAC (Trouble d’acquisition de la coordination). Cela change de nom MAIS les problématiques chez l’enfant demeurent les mêmes.

 

Dyspraxie motrice ou trouble développemental de la coordination?

 Le terme de dyspraxie motrice n’apparaît pas dans les manuels de diagnostics. C’est davantage un terme neuropsychologique et francophone. Ce terme parle davantage des difficultés d’automatisation (d’apprentissage) et de la coordination volontaire du geste pour atteindre un but précis comme écrire. Certains auteurs parlent de COGNITION motrice.

La dyspraxie motrice ou trouble développemental de la coordination (TDC) ne fait pas partie des troubles d’apprentissage au sens du classement des diagnostics. Par contre, l’enfant vit de situations d’échecs lors des apprentissages parce que ses gestes moteurs et ceux du regard ne réussissent pas à produire les mouvements nécessaires comme lire et écrire.

Plusieurs groupes privés Facebook ont été créé au cours des dernières années où  la communauté discutent des problématiques en lien avec la dyspraxie et les apprentissages. Ces groupes aident les parents et les intervenants à échanger
pour comprendre ou devenir outillé vis-à-vis ce trouble neurodéveloppemental ainsi qu’envers tous les autres « DYS » en comorbidité.

 

Est-ce que la vision est concernée par la dyspraxie?

Avez-vous pensé que les yeux ont aussi des muscles pour les aider à bouger et coordonner leurs mouvements?

Chaque oeil possède six muscles externes et un muscle interne pour coordonner et contrôler le mouvement des yeux. Lorsque ces muscles n’agissent pas adéquatement, il y a effectivement des difficultés qui en ressortent.

Ces muscles ont plusieurs fonctions. En effet, pour maintenir le regard sur un objet qui ne bouge pas dans l’espace, les muscles externes sont nécessaires à la fixation visuelle. Aussi, pour que le regard puisse fixer deux objets un après l’autre en alternance, ils doivent aussi coordonner leurs mouvements de fixation alternée. De plus, la poursuite visuelle demande un travail à ces muscles pour qu’un objet en mouvement qui est regardé par une personne demeure clair et précis ( suivre le mouvement d’une balle pour l’attraper). Les muscles ont également une fonction importante dans l’exploration visuelle de l’espace à trois dimensions ou sur une feuille à deux dimensions.

À cela s’ajoute, la capacité de coordonner les deux yeux ensembles: un objet est perçue visuellement par le cerveau. Celui-ci doit en obtenir une perception clair dans l’espace à trois dimensions  grâce à la collaboration du travail d’équipe des deux yeux en même temps (convergence visuelle). Cette capacité est primordiale pour percevoir la dimension spatiale.  

Finalement, la clarté des images perçue est en relation avec l’acuité visuelle et le rôle du muscle interne pour s’assurer que l’image est bien projetée sur la rétine grâce au travail du cristallin.

Lorsque la dyspraxie motrice affecte les mouvements du corps mais également ceux du regard, la terminologie utilisée est la dyspraxie visuo-spatiale (DVS). L’enfant ayant une dyspraxie visuo-spatiale vit de grandes difficultés dans les différents actions motrices et visuelles demandant une perception et une organisation spatiale.

 

Connaissez-vous les saccades visuelles?

Les muscles des yeux font aussi de très petits mouvements rapidement appelés saccades suivies d’une courte période de latence pour déplacer les yeux d’endroit et poursuivre la lecture d’un texte. Ces mouvements sont automatisés, rapides et présents plus de 160 000 fois par jour dans la vie de l’être humain. Ces mouvements sont utilisés pour lire, écrire, rechercher de l’information autour de soi, rechercher et lire de l’information sur la tableau de la classe, etc…

 

Quels sont les impacts de la dyspraxie visuo-spatiale?

L’enfant ayant une dyspraxie visuo-spatiale a de la difficulté à s’habiller car il peut mettre ses vêtements à l’envers. La différenciation de la droite et de la gauche est laborieuse. Il va souvent avoir de la difficulté à se retrouver dans son école pour se rendre aux différents locaux où se déroulent ses cours. L’organisation de son casier et de son bureau est un défi quotidien.

Son exploration visuelle de son environnement ou de sa feuille lors des travaux en classe est un défi quotidien car les mouvements de ses yeux (saccades) ne sont pas automatisés et structurés pour faciliter son exploration visuelle.

Faire les dessins des lettres demandent l’intégration de concepts visuo-spatiaux qui peuvent ne pas être acquis par l’enfant ainsi que l’automatisation du geste moteur de la main pour les produire. L’enfant cherche dans sa tête l’image de la lettre à reproduire sur le papier. Parfois, il a besoin de modèle concret pour l’aider à se souvenir de cette image mentale. La formation des traits est souvent inversée et laborieuse tout en n’intégrant pas les lettres spatiales comme le b,d, q et p.

Que faire pour aider l’enfant? 

Une démarche diagnostique est nécessaire pour clarifier le fonctionnement moteur et visuel de l’enfant et déterminer s’il présente un trouble neurodéveloppemental.

Pour faire cette démarche, cela demande des investigations par plusieurs professionnels. L’ergothérapeute va évaluer l’aspect moteur et visuo-perceptuel de l’enfant. L’optométriste développemental complète par un test visuo-perceptivo-moteur. Le médecin ou le neuropsychologue sont présents dans la démarche pour poser ce diagnostic différentiel.

Pour aider l’enfant, des exercices de rééducation visuelle associés à des activités de réadaptation sont nécessaires. Aussi, la mise en place d’adaptations dans le milieu scolaire et de vie de l’enfant vont grandement faciliter ses apprentissages.

Voici un exemple d’adaptation facilitant la lecture: Le texte est écrit dans Word avec le ruban Word du Cartable fantastique. L’enfant obtient des repères visuels de couleurs facilitant les gestes du regard pour la lecture de texte (deux couleurs, double interligne, encadrement du texte en couleur, police agrandie). Cela aura une incidence importante sur la fatigue physique et visuelle de l’enfant pour acquérir les apprentissages requis en classe.

 

 

Une formation de six heures sous forme de vidéos et documents d’informations est maintenant disponible en ligne. Elle vous donne beaucoup plus d’informations et d’outils pour soutenir l’enfant et intervenir auprès de lui dans son quotidien. 

Françoise Lespérance, ergothérapeute 

Les premières années scolaires et la dyspraxie visuo-spatiale

Les premières années du primaire sont une étape importante pour apprendre à lire, à écrire et à calculer. Souvent, la dyspraxie visuo-spatiale n’est même pas envisagée pour l’enfant qui était maladroit et qui avait de la difficulté à dessiner et à découper lors de sa maternelle 5 ans. On tente parfois  d’expliquer ces difficultés par une hypothèse de déficience intellectuelle ou des raisons d’ordre psycho-affectives.

Pourquoi? Parce que la dyspraxie visuo-spatiale est méconnue. C’est un trouble invisible qui touche la coordination des mouvements volontaires du corps et principalement celle des yeux au niveau des « gestes du regard ».  Selon les statistiques, 6% de la population sont touchés par la dyspraxie motrice. L’altération, plus ou moins importantes, des gestes du regard se situe  au niveau des mouvements des muscles des yeux permettant les actions suivantes:

  • La fixation visuelle: Saisir par le regard un objet ou une cible pour en obtenir une image sur la rétine de l’oeil qui va être transmise au cerveau. Les recherches démontrent que l’enfant dyspraxique ne peut pas fixer longtemps un stimulus surtout sur une feuille ou un écran. Le regard va se promener et errer.
  • Les saccades visuelles: bouger rapidement les yeux entre deux stimulus en positions stables. Les mouvements de saccade sont utilisés lors de la lecture. Les yeux vont faire des mouvements pour progresser sur la ligne à lire, vont aider à revenir au début de la ligne suivante pour poursuivre la lecture. Ils peuvent aussi revenir un peu en arrière sur la ligne pour comprendre ou corriger ce qui vient d’être regarder.
  • La poursuite visuelle: Fixer une cible en mouvement et maintenir le regard sur la cible de façon fluide pour obtenir une image de qualité sur la rétine. C’est un mouvement oculaire très utile dans certaines activités comme dessiner, suivre un ballon des yeux,…
  • L’exploration visuelle: Parcourir du regard un espace déterminé à la recherche d’un ou de plusieurs informations spécifiques. Ces mouvements d’exploration demandent un contrôle moteur oculaire complexe de fixation et de saccade. Cette capacité est régulièrement sollicitée dans les activités de papier-crayon et des apprentissages scolaires.

Quelles sont les conséquences de la dyspraxie visuo-spatiale durant les premières années de la scolarisation?

Durant les premières années de sa scolarisation, l’enfant ayant une DVS (dyspraxie visuo-spatiale) peut vivre des difficultés plus ou moins importantes dans les activités suivantes:

  • Réussir à se former des images mentales pour illustrer la relation d’un objet par rapport aux autres. En mathématiques, les notions d’unités, dizaines, centaines et milliers seront un défi;
  • Coordonner plusieurs informations sur papier lors de calcul ( alignement des chiffres en colonne, ne pas oublier des informations en promenant les yeux sur la feuille,…)
  • Trouver des éléments dans un schéma, au tableau ou sur des cartons placés sur les murs de la classe.
  • Compter des éléments dans un espace déterminé pour en identifier la totalité;
  • Se retrouver dans un texte ou une page
  • Copier des informations du tableau à la feuille
  • Dessiner des formes géométriques ou lors de l’écriture des lettres en tenant compte des trottoirs du cahier,..

De plus, les maladresses ou difficultés ressortent dans les autres activités de la vie quotidienne. Par exemple:

  • Retrouver un objet spécifique dans son bureau ou son casier
  • Réussir à s’habiller ou se déshabiller seul en mettant ses vêtements dans le bon sens
  • Réussir à lacer ses souliers
  • Réussir à ouvrir des contenants pour manger sa collation ou son dîner

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Que faire pour aider l’enfant DVS dans son quotidien des premières années de scolarisation?

 

Un enseignement avec des moyens compensatoires ainsi que des activités de réadaptation pouvant répondre  aux besoins spécifiques de chaque enfant est nécessaire. La concertation entre les différents professionnels du milieu scolaire et de la santé vont aider l’enfant à vivre du succès dans ses activités quotidiennes et lors des apprentissages scolaires.

Des principes de base sont essentiels pour l’enfant:

  • Fournir des adaptations pertinentes selon les besoins de l’enfant dans ses apprentissages scolaires ( livres, logiciels, outils scolaires);
  • Décortiquer les tâches à effectuer dans une activité pour en faciliter la réussite. Cela va l’aider à mieux exécuter chaque mouvement moteur de façon séquentielle;
  • Lui donner des consignes courtes et claires. Vérifier sa compréhension des étapes de l’activité proposée;
  • Fournir des supports visuels (pictogrammes) pour faciliter la séquence des gestes à poser lors d’une activité complexe;
  • Préparer du matériel adapté pour faciliter les apprentissages (matériel à 3 dimensions pour les mathématiques;  matériel aimanté,…);
  • Épurer l’information visuelle que l’enfant doit consulter;
  • Ne pas promouvoir la copie du tableau à la feuille placée sur le bureau de l’enfant;
  • S’assurer d’un positionnement assis adéquat lorsque l’enfant travaille à son bureau;
  • Accepter que l’enfant n’est pas « paresseux » ou « non attentif » lorsqu’il vit des échecs dans certaines situations.

Faciliter la compréhension de la dyspraxie visuo-spatiale et ses conséquences sur l’enfant font une différence majeure dans sa vie et son développement. Il peut ainsi obtenir du succès à l’école et développer un sentiment d’estime de soi qui le construit un peu à chaque jour de son cheminement dans ses premières années de scolarisation!

 

Françoise Lespérance, ergothérapeute

 

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Dyspraxie visuo-spatiale et les autres « Dys (comorbidité)

Qu’est ce que la comorbidité?

Le dictionnaire Larousse définit la comorbidité comme une « association de deux maladies physiques, fréquemment observée dans la population ». De son côté, Wikipédia donne cette définition: « la comorbidité est la présence simultanée de plusieurs diagnostics » et « la présence d’un ou de plusieurs troubles associés à un trouble ».

Au niveau clinique, les thérapeutes observent que plusieurs enfants se retrouvent avec différents diagnostics comme la dyslexie, la dysorthographie, la dyscalculie, la dyspraxie visuo-spatiale ou avec une dyspraxie motrice. Il y a 4 principaux points communs à ces différents diagnostics selon les recherches cliniques:

  • les enfants sont d’intelligence normale lors de la passation de tests psychométriques
  • une incidence négative sur les apprentissages
  • un caractère familial plus ou moins fréquent (retrouve plus d’un enfant par famille avec des diagnostices « Dys »)
  • Prédominance de ces diagnostics chez les garçons

La Dyspraxie et la comorbidité avec d’autres troubles

Certains chiffres sont mentionnés dans les recherches avec des variations mais en voici quelques uns:

  • 6% de la population sont touchés par la dyspraxie motrice (trouble développementale de la coordination)
  • 87% des enfants ayant de la dyspraxie ont de la comorbidité avec un autre diagnostic
  • 37% des enfants dyspraxiques sont aussi TDA-H (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité)
  • Des auteurs notent une forte association entre le degré d’inattention et la sévérité du trouble moteur
  • 63% des enfants dyspraxiques ont un diagnostic de dyslexie
  • Presque tous les enfants ayant un diagnostic de dyslexie sont aussi dysorthographiques
  • 25% des enfants ayant un trouble d’apprentissage ont un diagnostic de dyscalculie

La comorbidité entre la dyspraxie (trouble développementale de la coordination) et les autres « Dys » démontrent une influence majeure sur les apprentissages en général. Mais, de façon plus spécifique, il y a un impact significatif sur les apprentissages relevant du scolaire.

Qu’est ce que la dyspraxie motrice/ dyspraxie visuo-spatiale?

C’est un trouble neurodéveloppemental qui affecte la capacité de choisir, planifier, séquencer et exécuter des mouvements du corps dans l’espace. Cela touche à la qualité des gestes moteurs incluant ceux des yeux (gestes du regard). Donc, il est possible d’utiliser la nomenclature générale du trouble développemental de la coordination mais dans certaines situations, c’est préférable d’avoir une idée plus précise de ce trouble. De plus, dans les études scientifiques, la dyspraxie a été segmenté en différents sous-types dépendamment des symptômes prédominants pour en expliquer les problématiques vécus par les enfants. En voici quelques unes:

  • Dyspraxie idéatoire : trouble de la succession chronologique des différentes étapes dans la réalisation du geste pour manipuler l’objet.

  • Dyspraxie idéomotrice : trouble de l’organisation du geste moteur en l’absence de manipulation réelle de l’objet (faire semblant de, imiter des gestes…).

  • Dyspraxie visuoconstructive : troubles qui se révèlent dans les activités d’assemblage et de construction.

  • Dyspraxie visuospatiale : trouble touchant majoritairement les mouvements des yeux (gestes du regard). Également, l’organisation dans l’espace tel que des activités à deux dimensions (papier, reproduction de dessins, de lettres,…).

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Causes de la dyspraxie et des autres troubles « DYS »

Au cours des dernières décennies, des recherches ont tenté de trouver les différentes causes reliés à ces troubles neurodéveloppementaux. Certaines recherches ont mis l’accent sur des structures du cortex cérébral comme les fonctions cérébelleuses tandis que d’autres recherches ont ciblé des facteurs génétiques. Les scientifiques poursuivent leurs travaux en lien avec un trouble spécifique « Dys » comme la dyslexie ou en mettant en relief les symptômes communs qui ressort par la comorbidité. Aucune cause précise n’est encore identifiée. Par contre, certains résultats de recherche donnent des pistes de solutions et d’orientation pour intervenir auprès des enfants.

Que faire de façon pratique pour aider l’enfant présentant de la dyspraxie motrice/dyspraxie visuo-spatiale?

La première étape est de bien comprendre les impacts fonctionnels du trouble de l’enfant. Par la suite, des activités et exercices peuvent être mis en place par des spécialistes pour stimuler l’aspect moteur, sensori-moteur et visuo-perceptivo-moteur dans le but d’améliorer la qualité des mouvements du corps de l’enfant et de ses yeux (gestes du regard).

Ces stimulations auront également un effet sur la perception visuelle de l’enfant, leur utilisation dans les activités de la vie de tous les jours et des apprentissages scolaires.

Aussi, il faut envisager de trouver des solutions par des adaptations compensatoires facilitant les gestes moteurs et du regard dans le quotidien de l’enfant et pour lui permettre de faire ses apprentissages scolaires.

Françoise Lespérance, ergothérapeute

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Références:

  • Troubles associés et comorbidités dans la dyslexie : de l’observation clinique à la compréhension des mécanismes (http://www.resodys.org/)
  • Le point sur la dyspraxie développementale : symptomatologie et prise en charge par Laurence Vaivre-Douret
  • La dyspraxie visuo-spatiale de Valérie Duband
  • EACD Recommendations Long version** Definition, Diagnosis, Assessment and Intervention of Developmental Coordination Disorder (DCD) Version – July 2011