Adaptations scolaires: l’ergothérapie est-elle pertinente?

Les adaptations scolaires font références aux multiples moyens et modalités envisagés qui sont mis en place pour aider un enfant dans sa scolarisation et ce, dès son plus jeune âge.  Identifier les adaptations pouvant être requises demande une analyse globale des capacités de l’enfant et des tâches à exécuter. Pour cela, il faut cerner les habiletés visuelles, praxiques, spatiales et organisationnelles de l’enfant en relation avec les différents activités qui lui sont demandées lors des apprentissages scolaires. C’est un travail d’équipe facilité par une communication efficace entre les différents intervenants provenant de l’éducation et de la santé tout en étant en collaboration avec les parents de l’enfant.

Les adaptations scolaires sont indiquées de façon claire lors de la mise en place d’un plan d’intervention scolaire. Le milieu scolaire est responsable de mettre en place ce plan d’intervention avec la collaboration des parents. Le contenu du plan d’intervention facilite la compréhension des objectifs ciblés, la responsabilité des acteurs pour chaque objectif ainsi que les différentes modalités qui ont été retenues. C’est donc un élément central clarifiant les efforts de tous et de chacun ainsi que les moyens pris pour aider l’enfant. Le plan d’intervention est essentiel  dans le cheminement d’un enfant ayant des besoins particuliers pour qu’il vive des réussites tout au long de son parcours. Les parents et les intervenants s’assurent ainsi que les outils et moyens adaptés utilisés vont réellement aider l’enfant tout en étant intégrés dans une vision globale de sa situation.

 

Commençons par le commencement de la petite enfance!

Durant la petite enfance, l’enfant fréquente une garderie ou un milieu de garde où il développe sa motricité globale et fine. Il acquiert également des notions de perception comme les couleurs, les grandeurs, les formes, etc…Il apprend à développer ses habiletés langagières et sociales en interagissant avec les autres enfants et les personnes qui gravitent autour de lui. Le contexte familial est un atout non négligeable de toute la stimulation que peut recevoir l’enfant pour développer ses capacités et ses habiletés.

Parfois, l’enfant présente de grandes difficultés qui sont observés par les personnes du service de garde ou lors des visites médicales. Dans ces situations, une démarche diagnostique est recommandée et mise en place pour déterminer si l’enfant pourrait avoir un trouble neurodéveloppemental ou autres problématiques.

Les professionnels de la santé qui évaluent l’enfant (ergothérapeute, physiothérapeute, orthophoniste, médecin, psychologue,..) peuvent déterminer si le retard de développement est dû à un manque de stimulation ou s’il faut poser un diagnostic. Certains diagnostics sont déterminés avant que l’enfant débute sa scolarisation mais pas tous.

Il faut parfois attendre que l’enfant soit un peu plus vieux pour la passation de certains tests standardisés. Aussi, les informations provenant du milieu familial fournit des renseignements très pertinents à la démarche diagnostic.

Pour plusieurs enfants, les observations démontrant que les apprentissages scolaires représentent un défi apparaissent durant les premières années scolaires soit entre l’âge de 4 à 8 ans. C’est la période où l’enfant va expérimenter de façon plus structurée les outils scolaires réguliers ( ciseaux, crayons, efface, règle, trottoirs dans les cahiers,…) pour l’atteinte des objectifs d’apprentissage de la lecture et de l’écriture.

 

Certains enfants ne veulent pas découper ou colorier lorsqu’ils sont en milieu de garde ou à la maison.

Est-ce une question de motivation et d’intérêt ou une question de capacités motrices et visuelles? ou une question d’attention-concentration?

Difficile à déterminer!

Solution:

Mettre du matériel à la disponibilité de l’enfant, dans tous ses milieux de vie, faire des activités avec lui et observer son fonctionnement au fur et à mesure qu’il grandit!

 

Quand est-il nécessaire d’utiliser des adaptations pour les outils scolaires?

 

Lorsque l’enfant débute sa scolarisation,  son enseignant observe son fonctionnement. Il détermine ses forces et ses défis tout au long de l’année scolaire. C’est souvent suite à ces observations que l’enseignant peut demander une évaluation plus précise dans certaines sphères du développement de l’enfant. Parfois, le besoin est au niveau du langage et la référence sera en orthophonie. Pour d’autres enfants, c’est la motricité, l’organisation du travail et l’autonomie fonctionnelle (exemples: écrire les lettres dans les trottoirs des cahiers, attacher ses souliers, mettre ses vêtements dans le bon ordre et manipuler les boutons/fermetures-éclairs) qui sont les défis de l’enfant. Dans ces situations, l’enseignant peut référer en ergothérapie pour une investigation.

L’ergothérapeute évalue l’enfant et intervient pour maximiser son potentiel fonctionnel au niveau des activités de son quotidien. Par les interventions, il travaille les capacités et habiletés de l’enfant pour réussir les tâches comme écrire, découper, s’habiller, s’alimenter, faire son hygiène,etc… L’ergothérapeute peut également évalué la pertinence d’utiliser certaines adaptations qui sont nécessaires de mettre en place dans le milieu de vie et scolaire de l’enfant. L’objectif est de faciliter la tâche à l’enfant lorsque cela demeure un défi significatif . Par exemple, un adaptateur de crayon peut faciliter sa prise en positionnant adéquatement les doigts. D’utiliser une règle avec une poignée, un antidérapant et des lignes plus foncées peut également aider l’enfant à stabiliser la règle et mieux voir les traits lorsqu’il l’utilise.

Quels sont les adaptations scolaires les plus pertinentes?

 

Certaines adaptations fonctionnent bien pour un enfant et ne seront pas pertinentes pour un autre enfant!

Il faut bien cerner les défis et le potentiel de l’enfant dans son fonctionnement avant de déterminer ce qui doit être adapté et comment!

C’est un travail d’équipe entre le personnel scolaire, les parents, l’ergothérapeute et les autres professionnels de la santé.

 

Dans quelles circonstances, l’ergothérapeute peut-il recommander des adaptations pour faciliter les apprentissages scolaires?

 

Il y a une multitude d’adaptations scolaires qui peuvent être mis en place pour chaque enfant.  L’ergothérapeute peut apporter son soutien dans le processus d’analyse des supports pédagogiques qui seront pertinents à utiliser en fonction des capacités et habiletés de l’enfant.

En effet, l’enfant doit utiliser ses capacités visuelles, perceptuelles, praxiques, spatiales et organisationnelles dans plusieurs activités de son quotidien pour acquérir des compétences. Une des activités importantes que l’enfant doit développer et automatiser pour faciliter ses apprentissages est l’écriture manuscrite que ce soit en script ou en cursif. Lorsque cette activité demeure laborieuse et non fonctionnelle, il faut envisager une adaptation tel que l’utilisation d’un ordinateur pour compenser les difficultés de l’enfant.

L’identification et l’analyse des différentes capacités mentionnées précédemment aident à déterminer quel type d’adaptations envisagées aide l’enfant en difficulté afin qu’il puisse exécuter les tâches académiques demandées.

Voici un exemple concret:

Jérôme a 8 ans. Il est en troisième année du primaire dans une classe au régulier. Son écriture demeure laborieuse et difficile à relire depuis sa première année. L’ergothérapeute a posé une hypothèse de diagnostic du trouble développemental de la coordination (TDC) avec composantes visuo-spatiales. À partir des difficultés de l’enfant, l’ergothérapeute a proposé des adaptations facilitant le fonctionnement de l’enfant lors des tâches académiques. L’optométriste a confirmé les difficultés motrices oculaires de Jérôme. Par la suite, le pédiatre a posé le diagnostic (dyspraxie visuo-spatiale).

Par la suite, le milieu scolaire a adapté les situations d’écriture en fournissant un ordinateur à Jérôme lorsqu’il doit écrire des textes plus long. C’est la première adaptation de support pédagogique qui lui a été fourni lorsqu’il était en deuxième année. Cela a grandement aidé l’enfant dans l’élaboration des différents activités pédagogiques où il devait écrire. il est moins fatiguée en fin de journée et plus disponible en classe. D’autres adaptations scolaires ont aussi été mis en place comme l’utilisation des repères visuels et des marqueurs de couleur dans les exercices et examens, l’épuration du contenu visuel présenté, l’évitement de la copie du tableau à la feuille en fournissant des notes déjà préparées,…Toutes ces modalités sont inscrites dans son plan d’intervention scolaire.

En troisième année, Jérôme a maintenant des difficultés importantes qui ressortent lors de la manipulation des dessins et des divers travaux qui lui sont demandés en géométrie. L’ergothérapeute a fait le tour des capacités de l’enfant en lien avec cette tâche académique. Voici ce qui a été suggéré:

A) Au niveau visuel: Jérôme démontre des difficultés au niveau oculaire: saccade et recherche visuelle sur une feuille. Suggestion: Lors des exercices, obtenir de l’aide oral au besoin lorsqu’il ne réussit pas à bien repérer ce qui est dessiné.

B) Au niveau praxique: Jérôme ne réussit pas à reproduire divers dessins au niveau manuel. Son orientation dans l’espace est aussi déficitaire. Dans le plan d’intervention, la modalité qui est retenu est que Jérôme peut demander à une autre personne de la classe (enfant ou adulte) de réaliser la forme demandée pour lui sur la feuille.

C) Au niveau organisationnel: Jérôme a de la difficulté à déterminer la séquence des activités à mettre en place pour faire les exercices de géométrie. L’adaptation mis en place est un procédurier sous forme d’un tableau visuel (images et textes) qu’il positionne sur son bureau pour mieux déterminer les étapes à suivre et à exécuter.

D) Au niveau de l’écriture pour les réponses demandées lors des exercices, Jérôme peut le faire manuellement ou avec l’ordinateur dépendamment des situations car il utilise les deux moyens d’écriture;

E) Autre recommandation d’adaptation suggérée pour faciliter l’autonomie de l’enfant dans les années futures: utiliser un logiciel de géométrie où Jérôme pourrait lui-même faire les dessins et les calculs demandés en utilisant son clavier et la souris. L’apprentissage du fonctionnement du logiciel choisi est prérequis à une utilisation en classe lors des activités académiques.

En conclusion, l’ergothérapeute peut être un acteur important dans le processus diagnostic des troubles développementaux avec les autres professionnels de la santé. L’ergothérapeute établit  son plan d’intervention thérapeutique pour maximiser le potentiel fonctionnel de l’enfant. Il identifie des adaptations pertinentes et ciblées pour les outils et supports pédagogiques qui vont faciliter l’exécution des diverses activités scolaires demandées à l’enfant tout au long de son parcours académiques. Son éclairage sur les capacités de l’enfant et les moyens d’adaptations pouvant l’aider sont des informations précieuses à considérer et connaître lors de la mise en place du plan d’intervention scolaire.

Françoise Lespérance, ergothérapeute de Jouer et Grandir

Une formation en ligne de 6 heures et demie de vidéos accompagnées de documents imprimables sur la dyspraxie visuo-spatiale est disponible.

Cette formation est très intéressante et pertinente pour améliorer vos connaissances sur la démarche diagnostique, les capacités visuelles, perceptuelles et praxiques touchées par le trouble développemental de la coordination. Des sections de la formation sont attribuées aux adaptations pertinentes aidant les apprentissages scolaires et fonctionnelles Cliquez ici pour plus d’informations. 

Dyspraxie et la vision

Dyspraxie et la vision

 

La dyspraxie motrice est-elle au trouble d’apprentissage comme  la dyslexie, la dyscalculie ou la dysorthographie?

 

Il y a de plus en plus de sensibilisation et d’informations sur les différents troubles neurodéveloppementaux qui touchent un pourcentage important d’enfants lors de leurs apprentissages scolaires.

La dyspraxie motrice est présente chez environ 5 à 7% des enfants.

La dyspraxie motrice est un trouble de la coordination motrice dont le diagnostic officiel est le trouble développemental de la coordination (TDC). Il y a quelques années, cela se nommait TAC (Trouble d’acquisition de la coordination). Cela change de nom MAIS les problématiques chez l’enfant demeurent les mêmes.

 

Dyspraxie motrice ou trouble développemental de la coordination?

 Le terme de dyspraxie motrice n’apparaît pas dans les manuels de diagnostics. C’est davantage un terme neuropsychologique et francophone. Ce terme parle davantage des difficultés d’automatisation (d’apprentissage) et de la coordination volontaire du geste pour atteindre un but précis comme écrire. Certains auteurs parlent de COGNITION motrice.

La dyspraxie motrice ou trouble développemental de la coordination (TDC) ne fait pas partie des troubles d’apprentissage au sens du classement des diagnostics. Par contre, l’enfant vit de situations d’échecs lors des apprentissages parce que ses gestes moteurs et ceux du regard ne réussissent pas à produire les mouvements nécessaires comme lire et écrire.

Plusieurs groupes privés Facebook ont été créé au cours des dernières années où  la communauté discutent des problématiques en lien avec la dyspraxie et les apprentissages. Ces groupes aident les parents et les intervenants à échanger
pour comprendre ou devenir outillé vis-à-vis ce trouble neurodéveloppemental ainsi qu’envers tous les autres « DYS » en comorbidité.

 

Est-ce que la vision est concernée par la dyspraxie?

Avez-vous pensé que les yeux ont aussi des muscles pour les aider à bouger et coordonner leurs mouvements?

Chaque oeil possède six muscles externes et un muscle interne pour coordonner et contrôler le mouvement des yeux. Lorsque ces muscles n’agissent pas adéquatement, il y a effectivement des difficultés qui en ressortent.

Ces muscles ont plusieurs fonctions. En effet, pour maintenir le regard sur un objet qui ne bouge pas dans l’espace, les muscles externes sont nécessaires à la fixation visuelle. Aussi, pour que le regard puisse fixer deux objets un après l’autre en alternance, ils doivent aussi coordonner leurs mouvements de fixation alternée. De plus, la poursuite visuelle demande un travail à ces muscles pour qu’un objet en mouvement qui est regardé par une personne demeure clair et précis ( suivre le mouvement d’une balle pour l’attraper). Les muscles ont également une fonction importante dans l’exploration visuelle de l’espace à trois dimensions ou sur une feuille à deux dimensions.

À cela s’ajoute, la capacité de coordonner les deux yeux ensembles: un objet est perçue visuellement par le cerveau. Celui-ci doit en obtenir une perception clair dans l’espace à trois dimensions  grâce à la collaboration du travail d’équipe des deux yeux en même temps (convergence visuelle). Cette capacité est primordiale pour percevoir la dimension spatiale.  

Finalement, la clarté des images perçue est en relation avec l’acuité visuelle et le rôle du muscle interne pour s’assurer que l’image est bien projetée sur la rétine grâce au travail du cristallin.

Lorsque la dyspraxie motrice affecte les mouvements du corps mais également ceux du regard, la terminologie utilisée est la dyspraxie visuo-spatiale (DVS). L’enfant ayant une dyspraxie visuo-spatiale vit de grandes difficultés dans les différents actions motrices et visuelles demandant une perception et une organisation spatiale.

 

Connaissez-vous les saccades visuelles?

Les muscles des yeux font aussi de très petits mouvements rapidement appelés saccades suivies d’une courte période de latence pour déplacer les yeux d’endroit et poursuivre la lecture d’un texte. Ces mouvements sont automatisés, rapides et présents plus de 160 000 fois par jour dans la vie de l’être humain. Ces mouvements sont utilisés pour lire, écrire, rechercher de l’information autour de soi, rechercher et lire de l’information sur la tableau de la classe, etc…

 

Quels sont les impacts de la dyspraxie visuo-spatiale?

L’enfant ayant une dyspraxie visuo-spatiale a de la difficulté à s’habiller car il peut mettre ses vêtements à l’envers. La différenciation de la droite et de la gauche est laborieuse. Il va souvent avoir de la difficulté à se retrouver dans son école pour se rendre aux différents locaux où se déroulent ses cours. L’organisation de son casier et de son bureau est un défi quotidien.

Son exploration visuelle de son environnement ou de sa feuille lors des travaux en classe est un défi quotidien car les mouvements de ses yeux (saccades) ne sont pas automatisés et structurés pour faciliter son exploration visuelle.

Faire les dessins des lettres demandent l’intégration de concepts visuo-spatiaux qui peuvent ne pas être acquis par l’enfant ainsi que l’automatisation du geste moteur de la main pour les produire. L’enfant cherche dans sa tête l’image de la lettre à reproduire sur le papier. Parfois, il a besoin de modèle concret pour l’aider à se souvenir de cette image mentale. La formation des traits est souvent inversée et laborieuse tout en n’intégrant pas les lettres spatiales comme le b,d, q et p.

Que faire pour aider l’enfant? 

Une démarche diagnostique est nécessaire pour clarifier le fonctionnement moteur et visuel de l’enfant et déterminer s’il présente un trouble neurodéveloppemental.

Pour faire cette démarche, cela demande des investigations par plusieurs professionnels. L’ergothérapeute va évaluer l’aspect moteur et visuo-perceptuel de l’enfant. L’optométriste développemental complète par un test visuo-perceptivo-moteur. Le médecin ou le neuropsychologue sont présents dans la démarche pour poser ce diagnostic différentiel.

Pour aider l’enfant, des exercices de rééducation visuelle associés à des activités de réadaptation sont nécessaires. Aussi, la mise en place d’adaptations dans le milieu scolaire et de vie de l’enfant vont grandement faciliter ses apprentissages.

Voici un exemple d’adaptation facilitant la lecture: Le texte est écrit dans Word avec le ruban Word du Cartable fantastique. L’enfant obtient des repères visuels de couleurs facilitant les gestes du regard pour la lecture de texte (deux couleurs, double interligne, encadrement du texte en couleur, police agrandie). Cela aura une incidence importante sur la fatigue physique et visuelle de l’enfant pour acquérir les apprentissages requis en classe.

 

 

Une formation de six heures sous forme de vidéos et documents d’informations est maintenant disponible en ligne. Elle vous donne beaucoup plus d’informations et d’outils pour soutenir l’enfant et intervenir auprès de lui dans son quotidien. 

Françoise Lespérance, ergothérapeute 

L’entrée scolaire et la dyspraxie visuo-spatiale

L’entrée scolaire de votre enfant en maternelle cinq ans arrive bientôt (Au Québec). C’est une source de joie et de crainte en même temps pour vous. Vous vous demandez si cela ira bien ou pas. Pourra-t-il participer avec facilité aux activités proposées? Se fera-t-il de nouveaux amis car les enfants ne seront pas les mêmes qu’à la garderie…Surtout que vous savez qu’il n’aime pas beaucoup faire des activités de table comme colorier et faire des bricolages.

Votre enfant a peut-être déjà reçu un diagnostic de dyspraxie motrice (trouble développemental de la coordination). Souvent, ce diagnostic est posé après que l’enfant ait plus de cinq ans soit entre la maternelle et la deuxième année du primaire. Dans la situation où vous avez déjà un diagnostic, il est vraiment important d’en informer le directeur de l’école avant l’entrée scolaire pour mettre en place les moyens et les adaptations nécessaires le plus rapidement possible. Son futur professeur doit être en mesure de bien connaître ses besoins.

Les mesures d’aide peuvent prendre différentes formes comme la présence d’une personne-ressource dans la classe autre que le professeur qui va l’assister dans les différentes activités demandant l’utilisation de ses capacités motrices et visuelles.

Le mobilier comme la table et la chaise ont aussi parfois besoin d’être adaptés. Il faut aussi tenir compte de la distance oeil-papier pertinente pour l’enfant afin de faciliter les activités d’apprentissage. Il existe également beaucoup d’outils scolaires adaptés comme les crayons triangulaires de couleurs, des adaptateurs de crayons,  des effaces facile à tenir dans la main, des règles avec un poignée pour faciliter la prise. Parfois, il est nécessaire d’envisager des repères visuels pour faciliter les transitions entre les activités. Ces repères visuels vont aider l’enfant à gérer le temps et les émotions qui en découlent lors de changement d’activités.

Le fonctionnement de l’enfant avant son entrée scolaire

Avant son entrée scolaire, il est fort probable que votre enfant n’ait pas de diagnostic mais est malhabile à utiliser ses ciseaux, les crayons, à s’habiller, à ouvrir des contenants, à utiliser ses ustensiles. Il se cogne souvent ou perd l’équilibre facilement. Il est distrait et ne semble pas avoir d’intérêt pour des activités structurées de table tel que dessiner, découper, écrire son prénom ou regarder des livres avec beaucoup de détails.

La maternelle est une étape importante dans la vie de l’enfant où le personnel scolaire dépiste les difficultés et les forces de chaque enfant. L’enseignant aura peut-être besoin de discuter avec vous si des évaluations par des spécialistes sont nécessaires pour trouver la cause de ces maladresses motrices et visuelles.

Une investigation en optométrie est très pertinente avant l’entrée à la maternelle pour s’assurer que la vision au près et au loin ainsi que la santé oculaire de l’enfant sont adéquats. Par contre, si les maladresses ne se modifient pas (avec ou sans lunette) par la suite, il faut pousser davantage pour déterminer si les capacités visuel-perceptivo-motrices sont problématiques.

Pour cela,  des tests  faits par différents professionnels peuvent être envisagés pour mieux comprendre le fonctionnement de l’enfant. Il est souvent nécessaire d’évaluer les capacités motrices de l’enfant en ergothérapie pour déterminer sa qualité de mouvement dans plusieurs tâches et activités du quotidien. Car, ces capacités lui serviront pour faire ses apprentissages scolaires tel que tenir son crayon, tracer des traits et lettres, faire des calculs en mathématiques avec des outils ou si nécessaire, utiliser un ordinateur comme outil compensatoire.

Qu’est-ce que la dyspraxie motrice (trouble développemental de la coordination) et la dyspraxie visuo-spatiale?

La dyspraxie motrice ou trouble développemental de la coordination touche la planification et la coordination des mouvements du corps pour exécuter une action selon un but précis. Ex.: écrire les lettres de l’alphabet, s’habiller. Les difficultés qui résultent de ce trouble sont plus ou moins sévères et  l’automatisation de plusieurs mouvements ne se fait pas.

L’enfant doit penser à décortiquer lui-même le mouvement pour pouvoir l’exécuter. Par exemple, lorsqu’il est en train de se brosser les dents, il ne peut pas penser et assimiler en même temps ce que sa mère est en train de dire comme consignes supplémentaires à faire avant de partir pour l’école. Se brosser les dents et comprendre les propos de sa mère sont une double tâche pour lui. Il n’a pas automatisé les gestes moteurs du brossage de dents et sa concentration et attention seront centrées sur cette activité.

Lorsqu’il est question de dyspraxie visuo-spatiale, la coordination des mouvements des yeux est touchée de façon importante. On nomme les mouvements des yeux : « les gestes du regard ».  La saisie des informations visuelles (regarder), l’exploration de la scène visuelle (bouger ses yeux par différents mouvements), l’analyse et l’interprétation que le cerveau fait peuvent apporter les difficultés suivantes:

  • Difficulté à explorer un espace fixe et déterminé pour y retrouver un ou plusieurs éléments.
  • Difficulté à fixer une cible précise ou suivre une cible en mouvement.
  • Trouble de la construction de certaines composantes des notions d’espace (écrire des lettres ou faire de la copie d’un dessin à partir du tableau)
  • Difficulté d’orientation dans l’espace

Par exemple, suivre le mouvement d’une balle dans l’espace et l’attraper est une activité motrice et visuelle complexe. Souvent, lorsque l’enfant ne se sent pas apte à attraper la balle, il va fermer ses yeux et a peur de la balle qui arrive. Lorsque les gestes du regard fixent ou suivent le mouvement d’un objet, il y a un processus neurologique dans différentes zones du cerveau. En effet, le cerveau interprète ce qui se passe et planifie l’ajustement des mouvements du corps pour réagir à cet objet qui arrive sur lui.

Les mouvements des yeux ont un rôle à jouer dans l’intégration de la conscience de l’espace par le corps. Cette intégration sert pour bien des activités tel que s’orienter dans un endroit public ou pour orienter les mouvements du crayon sur la feuille lors de coloriage.

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Le fonctionnement de l’enfant durant sa maternelle

Au cours de l’année scolaire de la maternelle, l’enfant va vivre beaucoup de situations différentes. Il aura besoin de coordonner les mouvements de son corps et de ses yeux pour exécuter les activités demandées. Lors de dyspraxie visuo-spatiale, l’enfant fournit des efforts constants qui lui demande une bonne dose d’énergie. Il est fatigué à la fin de sa journée car l’automatisation des gestes de son corps et de ses yeux ne sont pas là. Dans certaines circonstances, en pratiquant, il améliore ses habiletés mais les défis sont vécus au quotidien.

Que faire pour l’aider?
  • Lui fournir un sac d’école avec des anneaux ou porte-clé pour faciliter la manipulation des fermetures éclairs;
  • Favoriser un étui rigide pour y mettre ses crayons et efface pour faciliter sa manipulation et son recherche visuelle;
  • Fixer sur la table de travail cet étui avec un velcro pour l’empêcher de bouger lorsque l’enfant l’utilise;
  • Épurer le matériel à manipuler par l’enfant lors de tâches (lui donner seulement ce qu’il a besoin);
  • Utiliser les couleurs pour faire des codes aidant le repérage visuel dans la classe ainsi que pour le matériel utilisé;
  • Lors d’activité d’écriture, utiliser des trottoirs plus large et de couleurs différentes à chaque ligne pour faciliter l’organisation sur la feuille;
  • Lui donner plus de temps pour faire les activités;
  • Diminuer les distracteurs qui vont influencer son niveau d’attention et de concentration;
  • Lui fournir du soutien d’un l’adulte par une aide concrète pour les mouvements moteurs trop difficiles pour lui.

Aussi, l’entrée scolaire est grandement facilitée pour l’enfant et sa famille par une communication régulière et efficace entre l’enseignant, les parents et les professionnels de la santé. Ainsi, chacun collabore pour trouver les meilleurs moyens permettant à l’enfant de progresser dans ses apprentissages tout en développement son estime de lui-même.

Françoise Lespérance, ergothérapeute

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Pourquoi avoir recours à un ergothérapeute?

Pourquoi avoir recours à un ergothérapeute?

L’ergothérapeute est un professionnel du domaine la santé bien connu dans plusieurs pays à travers le monde. L’ergothérapeute peut travailler auprès de clientèle provenant de toutes les strates d’âge de la population. Son travail est d’utiliser l’activité comme médium principal pour améliorer les capacités physiques et cognitives de l’enfant ou de l’adulte. Chez les enfants, la préoccupation est de maximiser le développement ainsi que leur autonomie dans les activités de tous les jours.

Lorsque l’enfant est tout petit (entre la naissance et un an), l’enfant normal évolue très rapidement dans plusieurs sphères de son développement. Au niveau moteur, il apprend à contrôler son corps pour pouvoir un jour marcher vers 10 à 15 mois. Au niveau visuel, il développe sa fixation et poursuite visuelle pour coordonner ses mouvements moteurs et pouvoir interagir avec son environnement. Ainsi, il peut saisir un hochet, un jouet, tenir sa bouteille de lait, etc… Au niveau auditif, il devient attentif aux différents sons des voix familières autour de lui et peut tourner la tête pour regarder ce qui se passe ou interagir avec la personne qui lui parle. Ses premiers sons (autres les pleurs) débutent lentement pour un jour dire « papa » ou « maman ». Parfois, ce ne sont pas les premiers mots que l’enfant va dire au grand détriment de ses parents qui ont très hâte que leur enfant les nomme. Ceci est un aperçu très bref du développement de l’enfant durant sa première année de vie car un livre complet peut être écrit sur l’enfant durant ses premiers mois et années de sa vie.

À quel moment, doit-on penser que son enfant a besoin d’ergothérapie?
Durant la 1ere année de vie, si l’enfant a des difficultés à boire (bouteille ou allaitement); s’il ne développe pas sa coordination de son oeil avec la main pour saisir des objets, s’il ne développe pas ses capacités motrices.
Entre un an et deux ans, l’ergothérapeute va regarder toute la relation que l’enfant développe avec les jouets et des concepts plus abstraits comme la connaissance des couleurs, de la notion pareil pas pareil, les formes,… Il va aussi évaluer et observer l’autonomie de l’enfant pour manger, s’habiller, ranger ses jouets,…
Entre 2 ans et 4 ans, l’ergothérapeute continue à intervenir sur l’aspect moteur, sensoriel, perceptuel et cognitif de l’enfant pour s’assurer qu’il développe tous ces aspects qui vont lui permettre d’intégrer le milieu scolaire par la suite. Par exemple, la prise de crayon, le découpage, la traçage, le coloriage, la connaissance des notions d’espace, son autonomie dans les routines de la journée,…

Comme vous pouvez le constater, la profession d’ergothérapeute couvre un champ très large d’activités où il peut intervenir auprès de l’enfant durant sa petite enfance. Dans le prochain article, j’aborderai l’importance de l’aspect visuel de l’enfant et la relation avec son environnement.

Françoise Lespérance. ergothérapeute

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