Dyspraxie: Double tâche ou gestes automatisés !

Dyspraxie: Double tâche ou gestes automatisés !

 

 

La dyspraxie est le terme largement utilisé par les parents et les professionnels pour identifier le trouble développemental de la coordination (TDC)

 

La double tâche est présente pour ces enfants dans plusieurs situations du quotidien.

La dyspraxie se caractérise, en quelques mots, par des manifestations plus ou moins fonctionnelles de l’enfant lors de la constitution et de l’automatisation de différents gestes qui sont appris au cours du quotidien .

La dyspraxie motrice est présente chez 5 à 7% des enfants.

 

Vers quel âge peut-on détecter la dyspraxie chez l’enfant?

 

Dès la naissance, le bébé possède des « outils » qu’il va développer et rendre fonctionnels en vue de lui permettre d’acquérir diverses compétences (coordination oeil-main, la marche, le langage, les manipulations des objets, etc,…). Ce type de compétence (sensori-motrice et cognitive) se développe selon un rythme prévisible chez tous les enfants peu importe leur race et leur culture.

De plus, il existe d’autres types d’apprentissages qui proviennent de l’environnement et de l’éducation donnée à l’enfant. L’enfant reçoit alors un enseignement spécifique qui ne fait pas partie des « outils de base » que possède l’enfant à sa naissance. Pour faire ces apprentissages, l’enfant doit faire un effort intentionnel, conscient et attentif accompagné d’un entraînement pour lui permettre de développer des nouvelles compétences. Voici quelques exemples de ce type d’apprentissage: apprendre à faire du ski, du surf, du vélo, à écrire, à utiliser un doigté sur le clavier de l’ordinateur,.. L’automatisation de ces nouvelles compétences est l’indice que leur apprentissage est complété et acquis.

Ainsi lorsqu’il y a une atypie du développement cérébral dans un zone spécifique du cerveau, cela génère un trouble spécifique tel que la dyspraxie (trouble développemental de la coordination), la dysphasie (trouble développemental du langage), la dyslexie et/ou la dyscalculie (trouble spécifique  des apprentissages),… tout en préservant l’intelligence de l’enfant. 

Dans les situations où la dyspraxie est envisagée, les adultes et les parents de l’enfant peuvent interpréter le fonctionnement de l’enfant comme étant maladroit, qu’il est malhabile, qu’il est lent, qu’il est toujours perdu dans l’espace ou qu’il est peu intéressé par les activités de motricité fine comme colorier, découper, etc…

Pour certains enfants, une démarche diagnostique débute vers l’âge de trois à quatre ans. Mais, c’est majoritairement en milieu scolaire que les difficultés deviennent évidentes surtout lors de l’écriture, de la lecture et des mathématiques.  La démarche diagnostique alors mise en place veut clarifier la ou les causes de ses difficultés reliées aux apprentissages scolaires. 

« La dyspraxie est un trouble développemental des apprentissages gestuels »

                                                                                                                                                                                           Michèle Mazeau

 

La pose d’un diagnostic est une étiquette médicale.

Mais, le diagnostic permet de clarifier une prise en charge spécifique des besoins de l’enfant.  Poser un diagnostic fait partie d’une démarche différentielle  de plusieurs professionnels dont font partie l’ergothérapeute, le médecin et le neuropsychologue selon les besoins et les manifestations cliniques.

Le diagnostic médical est le trouble développemental de la coordination (TDC) selon le DSM-V.

 

Les gestes moteurs et oculo-moteurs sont nécessaires à la tâche de la calligraphie.
Les notions visuo-perceptuelles de la forme des lettres sont aussi sollicitées lors de l’écriture.
Un défi souvent de taille pour l’enfant ayant une dyspraxie ou TDC. 

Quelles sont les symptômes ou   manifestations  pouvant orienter les  professionnels vers le diagnostic de TDC ou dyspraxie?

 

La dyspraxie est composée d’un ensemble de symptômes ou manifestations présentes chez l’enfant à différents degrés. Cela crée une multitude de possibilités qui devient propre à chaque enfant dans son fonctionnement au quotidien. Ce portrait spécifique à l’enfant est nécessaire pour la mise en place d’une démarche thérapeutique et éducative qui va clarifier les interventions pertinentes au niveau des actions de réadaptation et de pédagogie. À ces interventions, s’ajoute des modalités comme des adaptations pertinentes.

Voici une liste de symptômes pouvant se retrouver à divers degrés chez les enfants:

– Difficulté et lenteur dans l’exécution de gestes moteurs qui se manifestent suite aux premiers stades du développement normal tel que ramper, station assise, quatre pattes et marcher;

– Difficulté ou anomalie du développement des fonctions du regard (fixation, saccades, exploration et poursuite visuelle);

– Difficulté ou anomalie à traiter les informations spatiales dans l’espace (à trois et à deux dimensions);

– Déficit de l’attention visuo-spatial  lors d’une tâche;

– Difficulté dans l’intégration du schéma corporel en lien avec son déplacement dans l’espace.

Aussi, le DSM-V (manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) clarifie quatre critères spécifiques pour poser le diagnostic de TDC dont les professionnels tiennent compte dans la passation des tests standardisés et leurs observations cliniques pour poser un diagnostic différentiel.

Lors de la démarche diagnostique, les évaluations déterminent aussi les forces de l’enfant dans ses fonctions préservées. Cela peut être au niveau de certaines composantes motrices, langagières, des mémoires de travail et à long terme, du raisonnement, etc.

Il est parfois pertinent de spécifier où les manifestations sont les plus significatives. Ainsi le diagnostic médical du trouble développemental de la coordination (TDC) ajoute, au besoin des spécifications significatives telles que les composantes oculo-motrices et visuo-spatiales (dyspraxie visuo-spatiale dont le terme est davantage un diagnostic neuropsychologique)

Un pourcentage élevé d’enfants ayant un TDC se retrouvent souvent avec d’autres diagnostics neurodéveloppementaux en comorbidité.

Le trouble de l’attention et/ou hyperactivité est souvent présent chez les enfants mais pas de façon systématique. Aussi les troubles spécifiques de l’apprentissage font appel à des composantes visuelles chez l’enfant. il faut alors clarifier si le trouble spécifique de l’apprentissage a des composantes visuo-spatiales touchant les gestes du regard (oculo-moteur).

Que signifie l’apprentissage des gestes moteurs?

 Les gestes non programmés dans les « outils » de l’enfant sont multiples. L’enfant doit faire l’apprentissage de ces gestes moteurs. Par exemple, il y a des gestes culturels tel que:

– Saluer avec la main ou avec tout le corps,

– Manger avec des ustensiles ou des baguettes,

– S’habiller avec des fermetures-éclairs ou des boutonnières,

– Écrire et colorier avec un crayon de plomb ou un stylo,

– Jouer  d’un instrument de musique comme la flûte, du piano, de la harpe, …

– Se peigner les cheveux, se couper les ongles, se laver les dents,…

– Jouer au ballon, à la marelle, nager,…

– Compter et faire des figures géométriques avec différents outils,…

L’enfant reçoit un enseignement et un entraînement de ces différents gestes moteurs dépendamment de sa famille et des différentes personnes présentes dans son milieu de vie. Malgré cette stimulation pour qu’il réussisse à exécuter les gestes requis, l’enfant ne parvient pas à mettre en place le « geste pertinent et adéquat » qui sera efficace et harmonieux. Cette difficulté ne lui permet pas d’automatiser le geste moteur pour l’effectuer avec un contrôle attentionnel minimal.

Qu’est ce que la double tâche pour l’enfant ayant une dyspraxie?

 

L’humain ne peut pas faire deux tâches en même temps dont l’une d’elle n’est pas automatisée. C’est impossible.

Lorsque le geste moteur requis pour poser une action est non automatisé, le cerveau met toute son attention à l’exécution des différents mouvements et paramètres requis des gestes moteurs pour exécuter cette tâche.

Lorsque le geste moteur d’une action est automatisé, le cerveau rend alors disponible d’autres ressources pour des activités faites en simultané.

Par exemple, lorsque l’enfant a automatisé le geste d’écrire les lettres des mots, il peut se concentrer sur les explications que fournit l’enseignant en même temps. Si le geste est non automatisé,  le cerveau de l’enfant sera concentré et attentif aux mouvements moteurs que doit faire sa main pour produire les lettres. L’écriture sera perçue par l’enfant comme une tâche difficile et fatigante qui lui demande de gros efforts.

Diverses études faites  en neurosciences, dont celles de Michel Desmurget, chercheur, aident à mieux comprendre les phénomènes des mécanismes de l’apprentissage gestuel au niveau des différents neurones. 

 

Donc, la double tâche est réelle pour l’enfant lorsqu’il n’a pas automatisé certains gestes en situations d’apprentissages que cela soit en milieu familial, scolaire ou de loisirs.

« C’est toujours la tâche de bas niveau (exemple: la réalisation du dessin des lettres) qui mobilise et vide l’essentiel du réservoir attentionnel de l’enfant aux dépens de la tâche de haut niveau (orthographe, compréhension, élaboration et planification d’un texte.. »

                                                                                                                                                                   Michèle Mazeau et Claire Le Lostec

 

 Réadaptation des gestes moteurs et adaptations pertinentes

 

Il existe différentes approches de rééducation pour travailler avec l’enfant dépendamment du professionnel, de son bagage en formation et en expériences.

Trois méthodes sont davantage connues et utilisées soit les approches sensori-motrices, les approches écologiques et les approches cognitivo-verbales. Les recherches démontrent des résultats significativement positifs avec la troisième approche soit cognitivo-verbale pour trois raisons principales: 

1) l’enfant est l’acteur principal;

2) l’approche utilise les points forts de l’enfant;

3) on lui apprend à raisonner sur ses difficultés pour pouvoir généraliser par la suite ce qu’il aura compris et acquis.

Les conditions du choix des activités sont basées sur deux critères:

1) Déterminer un nombre restreint d’activités bien ciblées qui sont indispensables au niveau scolaire et/ou du quotidien;

2) Cibler des activités ponctuelles pouvant être réaliser isolément et qui requièrent de grandes ressources attentionnelles à l’enfant.

Les adaptations sont des modalités pour l’atteinte des objectifs déterminés à partir des besoins de l’enfant. Par exemple, écrire est une activité indispensable lors des apprentissages scolaires. Il faut tenir compte de la vitesse d’exécution de l’enfant en écriture manuelle, de sa qualité, de la facilité à la relecture ainsi que sa disponibilité à des tâches de haut niveau lorsque le geste moteur n’est pas automatisé. L’adaptation retenue pourrait être l’utilisation d’un ordinateur avec l’utilisation d’un doigté au clavier pour compenser ou compléter l’écriture manuscrite en situation scolaire ou lors des devoirs.

Dans le cas de choisir l’utilisation d’un ordinateur pour pallier aux difficultés praxiques importantes lors d’écriture, il est primordial que l’enfant comprenne bien la raison de ce choix. Il doit être encouragé par tout son entourage à la maison et à l’école pour qu’il se sente légitime et confiant lors des apprentissages.

 

 

Une formation sur la dyspraxie est disponible en ligne sous forme de vidéos et documents d’informations. Elle vous donne beaucoup d’informations et d’outils pour soutenir l’enfant et intervenir auprès de lui dans son quotidien. 

Françoise Lespérance, ergothérapeute 

Références:

Mazeau Michèle, Le Lostec Claire, Lirondière Sandrine, L’enfant dyspraxique et les apprentissages, Elsevier, 2e édition, 2016.

Chokkron Sylvie, Approche neuropsychologique des troubles neurovisuels chez l’enfant, revue de neuropsychologie, 2015.

Dyspraxie et la vision

Dyspraxie et la vision

 

La dyspraxie motrice est-elle au trouble d’apprentissage comme  la dyslexie, la dyscalculie ou la dysorthographie?

 

Il y a de plus en plus de sensibilisation et d’informations sur les différents troubles neurodéveloppementaux qui touchent un pourcentage important d’enfants lors de leurs apprentissages scolaires.

La dyspraxie motrice est présente chez environ 5 à 7% des enfants.

La dyspraxie motrice est un trouble de la coordination motrice dont le diagnostic officiel est le trouble développemental de la coordination (TDC). Il y a quelques années, cela se nommait TAC (Trouble d’acquisition de la coordination). Cela change de nom MAIS les problématiques chez l’enfant demeurent les mêmes.

 

Dyspraxie motrice ou trouble développemental de la coordination?

 Le terme de dyspraxie motrice n’apparaît pas dans les manuels de diagnostics. C’est davantage un terme neuropsychologique et francophone. Ce terme parle davantage des difficultés d’automatisation (d’apprentissage) et de la coordination volontaire du geste pour atteindre un but précis comme écrire. Certains auteurs parlent de COGNITION motrice.

La dyspraxie motrice ou trouble développemental de la coordination (TDC) ne fait pas partie des troubles d’apprentissage au sens du classement des diagnostics. Par contre, l’enfant vit de situations d’échecs lors des apprentissages parce que ses gestes moteurs et ceux du regard ne réussissent pas à produire les mouvements nécessaires comme lire et écrire.

Plusieurs groupes privés Facebook ont été créé au cours des dernières années où  la communauté discutent des problématiques en lien avec la dyspraxie et les apprentissages. Ces groupes aident les parents et les intervenants à échanger
pour comprendre ou devenir outillé vis-à-vis ce trouble neurodéveloppemental ainsi qu’envers tous les autres « DYS » en comorbidité.

 

Est-ce que la vision est concernée par la dyspraxie?

Avez-vous pensé que les yeux ont aussi des muscles pour les aider à bouger et coordonner leurs mouvements?

Chaque oeil possède six muscles externes et un muscle interne pour coordonner et contrôler le mouvement des yeux. Lorsque ces muscles n’agissent pas adéquatement, il y a effectivement des difficultés qui en ressortent.

Ces muscles ont plusieurs fonctions. En effet, pour maintenir le regard sur un objet qui ne bouge pas dans l’espace, les muscles externes sont nécessaires à la fixation visuelle. Aussi, pour que le regard puisse fixer deux objets un après l’autre en alternance, ils doivent aussi coordonner leurs mouvements de fixation alternée. De plus, la poursuite visuelle demande un travail à ces muscles pour qu’un objet en mouvement qui est regardé par une personne demeure clair et précis ( suivre le mouvement d’une balle pour l’attraper). Les muscles ont également une fonction importante dans l’exploration visuelle de l’espace à trois dimensions ou sur une feuille à deux dimensions.

À cela s’ajoute, la capacité de coordonner les deux yeux ensembles: un objet est perçue visuellement par le cerveau. Celui-ci doit en obtenir une perception clair dans l’espace à trois dimensions  grâce à la collaboration du travail d’équipe des deux yeux en même temps (convergence visuelle). Cette capacité est primordiale pour percevoir la dimension spatiale.  

Finalement, la clarté des images perçue est en relation avec l’acuité visuelle et le rôle du muscle interne pour s’assurer que l’image est bien projetée sur la rétine grâce au travail du cristallin.

Lorsque la dyspraxie motrice affecte les mouvements du corps mais également ceux du regard, la terminologie utilisée est la dyspraxie visuo-spatiale (DVS). L’enfant ayant une dyspraxie visuo-spatiale vit de grandes difficultés dans les différents actions motrices et visuelles demandant une perception et une organisation spatiale.

 

Connaissez-vous les saccades visuelles?

Les muscles des yeux font aussi de très petits mouvements rapidement appelés saccades suivies d’une courte période de latence pour déplacer les yeux d’endroit et poursuivre la lecture d’un texte. Ces mouvements sont automatisés, rapides et présents plus de 160 000 fois par jour dans la vie de l’être humain. Ces mouvements sont utilisés pour lire, écrire, rechercher de l’information autour de soi, rechercher et lire de l’information sur la tableau de la classe, etc…

 

Quels sont les impacts de la dyspraxie visuo-spatiale?

L’enfant ayant une dyspraxie visuo-spatiale a de la difficulté à s’habiller car il peut mettre ses vêtements à l’envers. La différenciation de la droite et de la gauche est laborieuse. Il va souvent avoir de la difficulté à se retrouver dans son école pour se rendre aux différents locaux où se déroulent ses cours. L’organisation de son casier et de son bureau est un défi quotidien.

Son exploration visuelle de son environnement ou de sa feuille lors des travaux en classe est un défi quotidien car les mouvements de ses yeux (saccades) ne sont pas automatisés et structurés pour faciliter son exploration visuelle.

Faire les dessins des lettres demandent l’intégration de concepts visuo-spatiaux qui peuvent ne pas être acquis par l’enfant ainsi que l’automatisation du geste moteur de la main pour les produire. L’enfant cherche dans sa tête l’image de la lettre à reproduire sur le papier. Parfois, il a besoin de modèle concret pour l’aider à se souvenir de cette image mentale. La formation des traits est souvent inversée et laborieuse tout en n’intégrant pas les lettres spatiales comme le b,d, q et p.

Que faire pour aider l’enfant? 

Une démarche diagnostique est nécessaire pour clarifier le fonctionnement moteur et visuel de l’enfant et déterminer s’il présente un trouble neurodéveloppemental.

Pour faire cette démarche, cela demande des investigations par plusieurs professionnels. L’ergothérapeute va évaluer l’aspect moteur et visuo-perceptuel de l’enfant. L’optométriste développemental complète par un test visuo-perceptivo-moteur. Le médecin ou le neuropsychologue sont présents dans la démarche pour poser ce diagnostic différentiel.

Pour aider l’enfant, des exercices de rééducation visuelle associés à des activités de réadaptation sont nécessaires. Aussi, la mise en place d’adaptations dans le milieu scolaire et de vie de l’enfant vont grandement faciliter ses apprentissages.

Voici un exemple d’adaptation facilitant la lecture: Le texte est écrit dans Word avec le ruban Word du Cartable fantastique. L’enfant obtient des repères visuels de couleurs facilitant les gestes du regard pour la lecture de texte (deux couleurs, double interligne, encadrement du texte en couleur, police agrandie). Cela aura une incidence importante sur la fatigue physique et visuelle de l’enfant pour acquérir les apprentissages requis en classe.

 

 

Une formation de six heures sous forme de vidéos et documents d’informations est maintenant disponible en ligne. Elle vous donne beaucoup plus d’informations et d’outils pour soutenir l’enfant et intervenir auprès de lui dans son quotidien. 

Françoise Lespérance, ergothérapeute 

L’enfant et la période des Fêtes

L’enfant et la période des Fêtes

L’enfant ayant des besoins particuliers a aussi hâte d’avoir des vacances et de demeurer à la maison avec leur famille. Par contre, cela représente un changement de routine important autant pour les parents que pour l’enfant. Surtout, lorsque la famille se déplace pour se rendre chez Grand-Papa ou chez des amis.

Plusieurs  enfants ayant des besoins particuliers vivent difficilement les changements ou les transitions entre les activités. La gestion du temps est un défi pour plusieurs. En effet, différencier le mardi du jeudi ne leur donne aucune image mentale dans leur tête. 

Il est possible de poser des actions pour faciliter cette période de l’année. Chacun veut que les « vacances des Fêtes » soit surtout des moments magiques de bonheur et de partage avec son entourage malgré les difficultés que vit l’enfant.

Planification et anticipation sont possibles soit verbalement ou soit avec des images.

Il est important de sécuriser l’enfant dans ce quotidien perturbé. Sa façon de réagir va être en relation avec les moyens pris pour l’aider à vivre ces moments avec joie et plaisir. Une planification des événements va faciliter la compréhension des changements. Cela ouvre la porte à une meilleure anticipation du « contenu de l’avenir » et sécurise le mental de l’enfant. 

Pistes de solutions possibles

Pour la gestion du temps, anticiper auprès de votre enfant les changements qui s’en viennent dans son horaire:

  • Faites un calendrier visuel des activités principales réparties durant cette période.
  • Présentez-le à l’enfant quelques jours avant Noël. 
    Pour faire cela, prenez une feuille ou carton où vous faites un tableau avec le nombre de jours représentant le période de changement. Par la suite, vous collez une photo représentative de l’événement principal de la journée. Exemple: La photo peut représenter une des personnes que vous allez voir.
  • Si vous restez plusieurs jours à l’extérieur de chez-vous, coller d’autres indices sur les autres journées pour l’aider à conscientiser les événements qui vont arriver dans ce futur proche.
  • Chaque jour précédent une activité importante et différente, prenez quelques minutes pour revenir sur le calendrier. Détaillez ce qui va se passer le lendemain: faire de la route, allez chez la parenté, aller faire du ski, etc…
  • Durant la journée, continuez cette façon de prévenir l’enfant de ce qui va se passer. Faites-le soit verbalement ou avec des images une à la suite de l’autre sur une page pour lui donner la notion du temps et de l’avancement dans la journée.
  • L’enfant peut aussi enlever lui-même l’image collée après l’avoir vécu. Cette méthode va l’aider à se situer où il se retrouve dans la gestion de sa journée. Ex.: voyage en auto, jouer, repas, sieste, jouer, repas, voyage en auto ou coucher ailleurs que dans son lit,… 

Vous pouvez aussi faire le même fonctionnement lorsque la « visite » vient vous voir chez-vous.

 Pour la gestion de la surcharge sensorielle

Certains enfant ayant des besoins particuliers ont de la difficulté à moduler toutes les stimulations qu’ils reçoivent de leur environnement. Il est important de comprendre comment agir pour prévenir une « surdose » lors de ces journées différentes de la routine régulière. Voici quelques éléments à considérer:

Au niveau tactil, auditif et vestibulaire:

  • Au niveau tactil, s’assurer de lui apporter des vêtements avec lesquels l’enfant est confortable et qu’il connaît bien. C’est préférable d’avoir un enfant moins « chic » mais qui accepte sans difficulté de mettre et d’enlever les vêtements durant les journées.
  • Avisez les personnes que vous visitez que votre enfant n’aime pas donner des câlins ou en recevoir. Cela peut enlever un moment de malaise provenant du manque de compréhension lorsque l’enfant réagit fortement  en refusant ces câlins.
  • Apportez la couverture et l’oreillée que l’enfant utilise dans son lit pour faciliter la période de sieste et du coucher.
  • Au niveau auditif, votre enfant peut réagir très fortement surtout s’il y a beaucoup de monde dans la maison ou dans l’endroit où vous vous trouvez.  
  • Essayez de prévoir un endroit plus calme dans la maison où l’enfant pourra se rendre avec sécurité pour réussir à moduler ce surplus de stimuli auditifs lorsqu’il sera en « surcharge ».
  • Vous pouvez également apporter des « coquilles » qu’il pourra porter à quelques reprises dans la journée selon les besoins qu’il aura.
  • S’il est habitué de s’endormir avec de la musique apaisante (ex.: bruit de vagues), apporter votre musique pour ne pas perturber sa routine auditive.
  • Si l’enfant a un grand besoin de bouger et de sauter (vestibulaire), apportez des objets lourds qu’il pourra mettre sur lui durant les moments où il devra rester plus tranquille (ex.: couverture lourde, animal lourd, veste lestée,…).
  • Vous pouvez aussi prévoir plusieurs activités de courte durée où il pourra bouger avec sécurité soit à l’extérieur ou dans une pièce de la maison.

Comportements perturbés

Certains enfants vont aussi vivre tous ces changements en ayant un sommeil perturbé ou en se réveillant la nuit. Ils peuvent recommencer des comportements qui avaient disparu comme se cogner la tête, faire pipi au lit,… C’est déstabilisant pour vous et votre enfant. Si cela arrive, réagissez en dédramatisant la situation avec l’enfant. Attendez de revenir à la maison  et à votre routine régulière pour vérifier si cela va perturber dans le temps. Ou, si cela était davantage une réaction aux changements et à la surcharge sensorielle vécue. Si cela se maintient par la suite, il faut recommencer les étapes que vous aviez fait pour régler ce problème vécu antérieurement.

La proximité des autres enfants de la famille ou des amis peut aussi perturber l’enfant ayant des besoins particuliers!

Les interactions sociales

Cette période de l’année où il y a une augmentation d’interactions sociales avec des amis ou des membres de la famille peuvent influencer le comportement de l’enfant ayant des besoins particuliers.

Si l’enfant a de grandes difficultés langagières, il vivra de la frustration de ne pas se faire comprendre par ses cousins ou nouveaux amis. Cela est possible qu’il tente de démontrer de façon non verbale ce qu’il aurait voulu dire verbalement. Si les amis ne comprennent pas le message, cela peut créer de la tension ou des réactions non amicales. Ex.: L’enfant veut un bloc jaune et sa cousine les a toutes mises dans sa tour. Il veut l’enlever de la tour et la mettre dans son jeu….sans lui demander oralement si elle veut!

L’enfant peut aussi être très verbal mais peu à l’écoute des besoins des autres autour de lui. Il dit ce qu’il pense et agit rapidement sans se préoccuper vraiment des réactions des autres enfants autour de lui. Cette autre façon d’agir lors des relations sociales apportent aussi de l’inconfort et des comportements plus ou moins appropriés.

Donc, ces difficultés à communiquer et interagir socialement avec les pairs demande souvent beaucoup d’énergie à l’enfant.­ 

De plus, il a besoin d’intégrer et de moduler les différents stimuli de l’environnement non familier. Sa tolérance à la frustration diminue et des comportements plus difficiles peuvent apparaître comme de l’opposition, pleurs, hurlement sans raison, chicane amplifiée avec la petite sœur ou frère, etc.

Prévoyez qu’un adulte que l’enfant apprécie la compagnie soit disponible. Celui-ci devient vigilent aux différentes communications que l’enfant veut faire avec son entourage. Il peut alors décoder ce que l’enfant voulait dire, l’expliquer aux amis et dédramatiser la situation. Si l’enfant est désorganisé, un moment de calme, de repos avec les objets lourds peuvent être une solution aidante dans certaines situations.

Conclusion

Tous les enfants sont différents même ceux avec des besoins particuliers. Une bonne planification,  une anticipation des événements de façon visuelle et l’utilisation de ses objets personnels dans un milieu non familier peuvent être des atouts non négligeables pouvant aider à passer une belle période de cette fin d’année dans la joie et le bonheur. 

Des moments remplis de bonheur pour chacun de vous!

 Françoise Lespérance, ergothérapeute

Quelques articles supplémentaires de Jouer et Grandir:

La routine chez l’enfant

Les stimuli sensoriels et l’ergothérapie

 

 

L’entrée scolaire et la dyspraxie visuo-spatiale

L’entrée scolaire de votre enfant en maternelle cinq ans arrive bientôt (Au Québec). C’est une source de joie et de crainte en même temps pour vous. Vous vous demandez si cela ira bien ou pas. Pourra-t-il participer avec facilité aux activités proposées? Se fera-t-il de nouveaux amis car les enfants ne seront pas les mêmes qu’à la garderie…Surtout que vous savez qu’il n’aime pas beaucoup faire des activités de table comme colorier et faire des bricolages.

Votre enfant a peut-être déjà reçu un diagnostic de dyspraxie motrice (trouble développemental de la coordination). Souvent, ce diagnostic est posé après que l’enfant ait plus de cinq ans soit entre la maternelle et la deuxième année du primaire. Dans la situation où vous avez déjà un diagnostic, il est vraiment important d’en informer le directeur de l’école avant l’entrée scolaire pour mettre en place les moyens et les adaptations nécessaires le plus rapidement possible. Son futur professeur doit être en mesure de bien connaître ses besoins.

Les mesures d’aide peuvent prendre différentes formes comme la présence d’une personne-ressource dans la classe autre que le professeur qui va l’assister dans les différentes activités demandant l’utilisation de ses capacités motrices et visuelles.

Le mobilier comme la table et la chaise ont aussi parfois besoin d’être adaptés. Il faut aussi tenir compte de la distance oeil-papier pertinente pour l’enfant afin de faciliter les activités d’apprentissage. Il existe également beaucoup d’outils scolaires adaptés comme les crayons triangulaires de couleurs, des adaptateurs de crayons,  des effaces facile à tenir dans la main, des règles avec un poignée pour faciliter la prise. Parfois, il est nécessaire d’envisager des repères visuels pour faciliter les transitions entre les activités. Ces repères visuels vont aider l’enfant à gérer le temps et les émotions qui en découlent lors de changement d’activités.

Le fonctionnement de l’enfant avant son entrée scolaire

Avant son entrée scolaire, il est fort probable que votre enfant n’ait pas de diagnostic mais est malhabile à utiliser ses ciseaux, les crayons, à s’habiller, à ouvrir des contenants, à utiliser ses ustensiles. Il se cogne souvent ou perd l’équilibre facilement. Il est distrait et ne semble pas avoir d’intérêt pour des activités structurées de table tel que dessiner, découper, écrire son prénom ou regarder des livres avec beaucoup de détails.

La maternelle est une étape importante dans la vie de l’enfant où le personnel scolaire dépiste les difficultés et les forces de chaque enfant. L’enseignant aura peut-être besoin de discuter avec vous si des évaluations par des spécialistes sont nécessaires pour trouver la cause de ces maladresses motrices et visuelles.

Une investigation en optométrie est très pertinente avant l’entrée à la maternelle pour s’assurer que la vision au près et au loin ainsi que la santé oculaire de l’enfant sont adéquats. Par contre, si les maladresses ne se modifient pas (avec ou sans lunette) par la suite, il faut pousser davantage pour déterminer si les capacités visuel-perceptivo-motrices sont problématiques.

Pour cela,  des tests  faits par différents professionnels peuvent être envisagés pour mieux comprendre le fonctionnement de l’enfant. Il est souvent nécessaire d’évaluer les capacités motrices de l’enfant en ergothérapie pour déterminer sa qualité de mouvement dans plusieurs tâches et activités du quotidien. Car, ces capacités lui serviront pour faire ses apprentissages scolaires tel que tenir son crayon, tracer des traits et lettres, faire des calculs en mathématiques avec des outils ou si nécessaire, utiliser un ordinateur comme outil compensatoire.

Qu’est-ce que la dyspraxie motrice (trouble développemental de la coordination) et la dyspraxie visuo-spatiale?

La dyspraxie motrice ou trouble développemental de la coordination touche la planification et la coordination des mouvements du corps pour exécuter une action selon un but précis. Ex.: écrire les lettres de l’alphabet, s’habiller. Les difficultés qui résultent de ce trouble sont plus ou moins sévères et  l’automatisation de plusieurs mouvements ne se fait pas.

L’enfant doit penser à décortiquer lui-même le mouvement pour pouvoir l’exécuter. Par exemple, lorsqu’il est en train de se brosser les dents, il ne peut pas penser et assimiler en même temps ce que sa mère est en train de dire comme consignes supplémentaires à faire avant de partir pour l’école. Se brosser les dents et comprendre les propos de sa mère sont une double tâche pour lui. Il n’a pas automatisé les gestes moteurs du brossage de dents et sa concentration et attention seront centrées sur cette activité.

Lorsqu’il est question de dyspraxie visuo-spatiale, la coordination des mouvements des yeux est touchée de façon importante. On nomme les mouvements des yeux : « les gestes du regard ».  La saisie des informations visuelles (regarder), l’exploration de la scène visuelle (bouger ses yeux par différents mouvements), l’analyse et l’interprétation que le cerveau fait peuvent apporter les difficultés suivantes:

  • Difficulté à explorer un espace fixe et déterminé pour y retrouver un ou plusieurs éléments.
  • Difficulté à fixer une cible précise ou suivre une cible en mouvement.
  • Trouble de la construction de certaines composantes des notions d’espace (écrire des lettres ou faire de la copie d’un dessin à partir du tableau)
  • Difficulté d’orientation dans l’espace

Par exemple, suivre le mouvement d’une balle dans l’espace et l’attraper est une activité motrice et visuelle complexe. Souvent, lorsque l’enfant ne se sent pas apte à attraper la balle, il va fermer ses yeux et a peur de la balle qui arrive. Lorsque les gestes du regard fixent ou suivent le mouvement d’un objet, il y a un processus neurologique dans différentes zones du cerveau. En effet, le cerveau interprète ce qui se passe et planifie l’ajustement des mouvements du corps pour réagir à cet objet qui arrive sur lui.

Les mouvements des yeux ont un rôle à jouer dans l’intégration de la conscience de l’espace par le corps. Cette intégration sert pour bien des activités tel que s’orienter dans un endroit public ou pour orienter les mouvements du crayon sur la feuille lors de coloriage.

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Le fonctionnement de l’enfant durant sa maternelle

Au cours de l’année scolaire de la maternelle, l’enfant va vivre beaucoup de situations différentes. Il aura besoin de coordonner les mouvements de son corps et de ses yeux pour exécuter les activités demandées. Lors de dyspraxie visuo-spatiale, l’enfant fournit des efforts constants qui lui demande une bonne dose d’énergie. Il est fatigué à la fin de sa journée car l’automatisation des gestes de son corps et de ses yeux ne sont pas là. Dans certaines circonstances, en pratiquant, il améliore ses habiletés mais les défis sont vécus au quotidien.

Que faire pour l’aider?
  • Lui fournir un sac d’école avec des anneaux ou porte-clé pour faciliter la manipulation des fermetures éclairs;
  • Favoriser un étui rigide pour y mettre ses crayons et efface pour faciliter sa manipulation et son recherche visuelle;
  • Fixer sur la table de travail cet étui avec un velcro pour l’empêcher de bouger lorsque l’enfant l’utilise;
  • Épurer le matériel à manipuler par l’enfant lors de tâches (lui donner seulement ce qu’il a besoin);
  • Utiliser les couleurs pour faire des codes aidant le repérage visuel dans la classe ainsi que pour le matériel utilisé;
  • Lors d’activité d’écriture, utiliser des trottoirs plus large et de couleurs différentes à chaque ligne pour faciliter l’organisation sur la feuille;
  • Lui donner plus de temps pour faire les activités;
  • Diminuer les distracteurs qui vont influencer son niveau d’attention et de concentration;
  • Lui fournir du soutien d’un l’adulte par une aide concrète pour les mouvements moteurs trop difficiles pour lui.

Aussi, l’entrée scolaire est grandement facilitée pour l’enfant et sa famille par une communication régulière et efficace entre l’enseignant, les parents et les professionnels de la santé. Ainsi, chacun collabore pour trouver les meilleurs moyens permettant à l’enfant de progresser dans ses apprentissages tout en développement son estime de lui-même.

Françoise Lespérance, ergothérapeute

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L’autonomie: Je suis capable !

« Je suis capable »: petite phrase que votre enfant de deux ans et demi commence à vous dire! Wow, ce n’est déjà plus un bébé ! Il bouge, court, veut apprendre et imiter ce que les adultes font. Ses poupées et ses toutous lui servent de compagnons pour mettre en place différents scénarios de jeux.

Plus il vieillit, plus il veut devenir autonome et faire les choses par lui-même. Mais, parfois c’est plus facile à dire qu’à faire! Il peut éprouver certaines difficultés ou problèmes qui ralentissent cette autonomie qu’il veut avoir. Dans cet article, vous trouverez une méthode qui peut s’appliquer à partir de l’âge de 3½-4 ans à tous les habiletés de l’enfant (aspects moteur, langagier, social et comportemental).

Stratégie pour développer les habiletés d’autonomie de l’enfant

La première stratégie pour développer son autonomie est de déterminer ce qui est difficile pour l’enfant. Puis de clarifier l’habileté qu’il doit acquérir pour réussir. Par exemple, l’identification du problème est: « Il ne réussit pas à mettre son pantalon tout seul ». L’habileté à acquérir est: « Bien placé son pantalon et son corps pour réussir à le glisser sur ses jambes et hanches puis l’attacher ».

Si le problème est: « Il fait des crises de colère », l’habileté sera: « II peut exprimer calmement sa colère ». À cette étape, c’est souvent le parent qui identifie le problème mais l’enfant doit comprendre ce qui va être travaillé en priorité (s’il y a plusieurs habiletés à acquérir). Dans le cas de la gestion des crises de colère, le parent peut expliquer à l’enfant qu’il serait agréable s’il apprenait à ne pas se fâcher quand il ne réussit pas une activité où il veut être autonome (le faire tout seul). Il pourrait apprendre à garder son calme et exprimer ses émotions.

Percevoir les avantages et les efforts

Pour que l’enfant accepte de fournir un effort modifiant son comportement moteur, social ou autre, il doit y voir des avantages souvent expliqués par son parent. Il faut donc présenter l’acquisition de son autonomie sous forme de jeu à l’enfant.

Dans le cas de l’habillage, on pourrait dire que « Monsieur Vite et Rapide » va agir le matin pour être tout habillé avant maman et papa! Pour l’aider dans ce jeu, l’enfant se donne un compagnon qui va l’accompagner dans sa tâche soit en l’observant soit en participant. « Monsieur ou Madame Vite et rapide » se fait aider par « Rosalie », sa poupée qui la regarde pendant que l’enfant met seule ses pantalons.

Le parent donne un coup de pouce physiquement à son enfant si celui-ci accepte ou lui fournit verbalement des trucs simples comme: « Mets tes pantalons sur le plancher et assis toi devant pour les enfiler ». « N’oublie pas que l’étiquette doit être couchée sur le plancher. Ton étiquette ira dans ton dos lorsque tu auras mis tes pantalons »! Si l’enfant n’accepte pas que le parent lui donne des conseils, cela peut être son compagnon « Rosalie » ou autre qui va donner des conseils ou l’encourager dans le processus d’apprentissage de son autonomie.

Participation des « supporters » à l’enfant

Lorsque vous décidez de mettre en place cette méthode d’acquérir les habiletés d’autonomie, impliquez tous les alliés de la famille. Ainsi, l’enfant va être fier de ses progrès. Il pourra être félicité pour ses efforts par ses « supporters ». Cela peut être ses grands-parents, ses oncles et tantes ou bien ses frères et sœurs plus âgés. L’enfant comprend qu’il a une équipe derrière lui pour le soutenir dans l’acquisition de ses habiletés. Cela l’aide grandement à persévérer et à le motiver. Cette confiance qu’il perçoit de son entourage va lui donner confiance en lui pour agir.

Si cela demeure difficile pour l’enfant de persévérer dans l’acquisition de la nouvelle habileté, vous pouvez utiliser des habiletés qu’il a déjà acquises (par exemple: aller sur le petit pot pour faire ses besoins) pour lui faire comprendre qu’il peut aussi  être capable et autonome dans d’autres situations.

Encourager les efforts et réussites de l’enfant

L’enfant peut expliquer comment il agit ou il peut tout simplement faire une démonstration. Si son entourage (ses supporters) sont encourageants, l’enfant se sent important et fier de sa performance d’autonomie. C’est excellent pour développer son estime de soi. La nouvelle habileté acquise sera ainsi renforcée pour s’ancrer dans le comportement de l’enfant.

Rechutes probables

Aucun enfant fait un développement linéaire de son autonomie. En effet, l’enfant peut parfois faire deux pas par en avant et reculer un peu par une rechute avant de consolider ses nouvelles habiletés. Tout ne va pas comme sur des roulettes. Ces rechutes sont normales et font partie du cheminement de chaque enfant. Se servir de son compagnon (toutou ou poupée ou ami imaginaire) est une bonne façon d’aider l’enfant à recommencer à faire des efforts pour consolider ses nouvelles habiletés.

Lorsque l’habileté ciblée est acquise et consolidée, l’enfant peut être fier d’aider lui-même un ami par ses actions ou ses paroles. Par exemple, une enfant qui ne voulait pas attacher ses souliers. L’habileté de faire des boucles a été travaillée. Maintenant, elle est capable et en est fière. Si elle a un ami à la garderie qui ne réussit pas à attacher ses souliers, elle pourrait lui dire: « Tu peux réussir toi aussi car moi je suis capable maintenant »

Célébrer l’acquisition de cette nouvelle habileté

Lorsque l’enfant a acquis sa nouvelle habileté d’autonomie, c’est important de célébrer cette réussite pour lui. C’est la récompense pour les efforts fournis. Cette récompense peut prendre diverses formes dépendamment de chaque enfant pourvu que cela déclenche une grande joie chez l’enfant. Par exemple, pour certains enfants, cela pourrait être d’inviter les amis de la garderie à la maison où il y aura de la musique et des jeux. Pour d’autres, cela peut être d’aller récolter des pommes, d’aller à la plage, etc.

Agir un pas à la fois

Le développement de l’autonomie d’un enfant est comme monter un escalier. Il gravit une marche, peut y demeurer un certain temps pour consolider ses habiletés et puis il est prêt à gravir une autre marche. Donc, lors de problème ou difficultés importantes dans plusieurs habiletés, il faut prioriser et en travailler qu’une à la fois pour être sûr de diminuer les rechutes. Le cheminement doit être perçu de façon positive par l’enfant et par vous le parent qui le soutenez dans son cheminement.

Choisir un nouveau défi

Lorsque l’enfant maîtrise l’habileté qui avait été ciblée et que sa réussite a été célébrée. Il entreprend alors l’apprentissage d’une nouvelle habileté pour poursuivre la démarche d’autonomie.

L’enfant a le choix entre quelques habiletés si certaines sont toutes prioritaires mais il doit en choisir toujours juste une à la fois pour reprendre toutes les étapes.

Résumé des étapes pour faciliter la consolidation d’une habileté de l’enfant

  • L’enfant et le parent conviennent de l’habileté qu’il veut acquérir (convertir des problèmes vécus par l’enfant en habileté à acquérir)
  • Le parent et l’enfant trouvent tous les avantages que l’enfant aura de développer cette nouvelle habileté. L’enfant doit bien comprendre ces avantages.
  • L’enfant choisit un ami imaginaire ou magique qui va l’aider à acquérir cette nouvelle habileté.
  • Le parent et l’enfant identifient des « supporters ». L’enfant doit savoir qui sont « supporters » dans sa démarche « Je suis capable ».
  • Le parent et les « supporters » encouragent l’enfant dans ses efforts et dans ses rechutes.
  • Le parent donne les occasions à l’enfant de montrer ses progrès à ses « supporters » pour l’encourager à poursuivre ses efforts.
  • L’enfant, le parent et les « supporteurs » célèbrent la réussite de l’acquisition de l’habileté.
  • L’enfant peut maintenant enseigner cette habileté à ses amis ou pairs.
  • Le cycle est complet et on choisit une nouvelle habileté.

Françoise Lespérance, ergothérapeute

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