Dyspraxie et la vision

Dyspraxie et la vision

 

La dyspraxie motrice est-elle au trouble d’apprentissage comme  la dyslexie, la dyscalculie ou la dysorthographie?

 

Il y a de plus en plus de sensibilisation et d’informations sur les différents troubles neurodéveloppementaux qui touchent un pourcentage important d’enfants lors de leurs apprentissages scolaires.

La dyspraxie motrice est présente chez environ 5 à 7% des enfants.

La dyspraxie motrice est un trouble de la coordination motrice dont le diagnostic officiel est le trouble développemental de la coordination (TDC). Il y a quelques années, cela se nommait TAC (Trouble d’acquisition de la coordination). Cela change de nom MAIS les problématiques chez l’enfant demeurent les mêmes.

 

Dyspraxie motrice ou trouble développemental de la coordination?

 Le terme de dyspraxie motrice n’apparaît pas dans les manuels de diagnostics. C’est davantage un terme neuropsychologique et francophone. Ce terme parle davantage des difficultés d’automatisation (d’apprentissage) et de la coordination volontaire du geste pour atteindre un but précis comme écrire. Certains auteurs parlent de COGNITION motrice.

La dyspraxie motrice ou trouble développemental de la coordination (TDC) ne fait pas partie des troubles d’apprentissage au sens du classement des diagnostics. Par contre, l’enfant vit de situations d’échecs lors des apprentissages parce que ses gestes moteurs et ceux du regard ne réussissent pas à produire les mouvements nécessaires comme lire et écrire.

Plusieurs groupes privés Facebook ont été créé au cours des dernières années où  la communauté discutent des problématiques en lien avec la dyspraxie et les apprentissages. Ces groupes aident les parents et les intervenants à échanger
pour comprendre ou devenir outillé vis-à-vis ce trouble neurodéveloppemental ainsi qu’envers tous les autres « DYS » en comorbidité.

 

Est-ce que la vision est concernée par la dyspraxie?

Avez-vous pensé que les yeux ont aussi des muscles pour les aider à bouger et coordonner leurs mouvements?

Chaque oeil possède six muscles externes et un muscle interne pour coordonner et contrôler le mouvement des yeux. Lorsque ces muscles n’agissent pas adéquatement, il y a effectivement des difficultés qui en ressortent.

Ces muscles ont plusieurs fonctions. En effet, pour maintenir le regard sur un objet qui ne bouge pas dans l’espace, les muscles externes sont nécessaires à la fixation visuelle. Aussi, pour que le regard puisse fixer deux objets un après l’autre en alternance, ils doivent aussi coordonner leurs mouvements de fixation alternée. De plus, la poursuite visuelle demande un travail à ces muscles pour qu’un objet en mouvement qui est regardé par une personne demeure clair et précis ( suivre le mouvement d’une balle pour l’attraper). Les muscles ont également une fonction importante dans l’exploration visuelle de l’espace à trois dimensions ou sur une feuille à deux dimensions.

À cela s’ajoute, la capacité de coordonner les deux yeux ensembles: un objet est perçue visuellement par le cerveau. Celui-ci doit en obtenir une perception clair dans l’espace à trois dimensions  grâce à la collaboration du travail d’équipe des deux yeux en même temps (convergence visuelle). Cette capacité est primordiale pour percevoir la dimension spatiale.  

Finalement, la clarté des images perçue est en relation avec l’acuité visuelle et le rôle du muscle interne pour s’assurer que l’image est bien projetée sur la rétine grâce au travail du cristallin.

Lorsque la dyspraxie motrice affecte les mouvements du corps mais également ceux du regard, la terminologie utilisée est la dyspraxie visuo-spatiale (DVS). L’enfant ayant une dyspraxie visuo-spatiale vit de grandes difficultés dans les différents actions motrices et visuelles demandant une perception et une organisation spatiale.

 

Connaissez-vous les saccades visuelles?

Les muscles des yeux font aussi de très petits mouvements rapidement appelés saccades suivies d’une courte période de latence pour déplacer les yeux d’endroit et poursuivre la lecture d’un texte. Ces mouvements sont automatisés, rapides et présents plus de 160 000 fois par jour dans la vie de l’être humain. Ces mouvements sont utilisés pour lire, écrire, rechercher de l’information autour de soi, rechercher et lire de l’information sur la tableau de la classe, etc…

 

Quels sont les impacts de la dyspraxie visuo-spatiale?

L’enfant ayant une dyspraxie visuo-spatiale a de la difficulté à s’habiller car il peut mettre ses vêtements à l’envers. La différenciation de la droite et de la gauche est laborieuse. Il va souvent avoir de la difficulté à se retrouver dans son école pour se rendre aux différents locaux où se déroulent ses cours. L’organisation de son casier et de son bureau est un défi quotidien.

Son exploration visuelle de son environnement ou de sa feuille lors des travaux en classe est un défi quotidien car les mouvements de ses yeux (saccades) ne sont pas automatisés et structurés pour faciliter son exploration visuelle.

Faire les dessins des lettres demandent l’intégration de concepts visuo-spatiaux qui peuvent ne pas être acquis par l’enfant ainsi que l’automatisation du geste moteur de la main pour les produire. L’enfant cherche dans sa tête l’image de la lettre à reproduire sur le papier. Parfois, il a besoin de modèle concret pour l’aider à se souvenir de cette image mentale. La formation des traits est souvent inversée et laborieuse tout en n’intégrant pas les lettres spatiales comme le b,d, q et p.

Que faire pour aider l’enfant? 

Une démarche diagnostique est nécessaire pour clarifier le fonctionnement moteur et visuel de l’enfant et déterminer s’il présente un trouble neurodéveloppemental.

Pour faire cette démarche, cela demande des investigations par plusieurs professionnels. L’ergothérapeute va évaluer l’aspect moteur et visuo-perceptuel de l’enfant. L’optométriste développemental complète par un test visuo-perceptivo-moteur. Le médecin ou le neuropsychologue sont présents dans la démarche pour poser ce diagnostic différentiel.

Pour aider l’enfant, des exercices de rééducation visuelle associés à des activités de réadaptation sont nécessaires. Aussi, la mise en place d’adaptations dans le milieu scolaire et de vie de l’enfant vont grandement faciliter ses apprentissages.

Voici un exemple d’adaptation facilitant la lecture: Le texte est écrit dans Word avec le ruban Word du Cartable fantastique. L’enfant obtient des repères visuels de couleurs facilitant les gestes du regard pour la lecture de texte (deux couleurs, double interligne, encadrement du texte en couleur, police agrandie). Cela aura une incidence importante sur la fatigue physique et visuelle de l’enfant pour acquérir les apprentissages requis en classe.

 

 

Une formation de six heures sous forme de vidéos et documents d’informations est maintenant disponible en ligne. Elle vous donne beaucoup plus d’informations et d’outils pour soutenir l’enfant et intervenir auprès de lui dans son quotidien. 

Françoise Lespérance, ergothérapeute 

L’autonomie: Je suis capable !

« Je suis capable »: petite phrase que votre enfant de deux ans et demi commence à vous dire! Wow, ce n’est déjà plus un bébé ! Il bouge, court, veut apprendre et imiter ce que les adultes font. Ses poupées et ses toutous lui servent de compagnons pour mettre en place différents scénarios de jeux.

Plus il vieillit, plus il veut devenir autonome et faire les choses par lui-même. Mais, parfois c’est plus facile à dire qu’à faire! Il peut éprouver certaines difficultés ou problèmes qui ralentissent cette autonomie qu’il veut avoir. Dans cet article, vous trouverez une méthode qui peut s’appliquer à partir de l’âge de 3½-4 ans à tous les habiletés de l’enfant (aspects moteur, langagier, social et comportemental).

Stratégie pour développer les habiletés d’autonomie de l’enfant

La première stratégie pour développer son autonomie est de déterminer ce qui est difficile pour l’enfant. Puis de clarifier l’habileté qu’il doit acquérir pour réussir. Par exemple, l’identification du problème est: « Il ne réussit pas à mettre son pantalon tout seul ». L’habileté à acquérir est: « Bien placé son pantalon et son corps pour réussir à le glisser sur ses jambes et hanches puis l’attacher ».

Si le problème est: « Il fait des crises de colère », l’habileté sera: « II peut exprimer calmement sa colère ». À cette étape, c’est souvent le parent qui identifie le problème mais l’enfant doit comprendre ce qui va être travaillé en priorité (s’il y a plusieurs habiletés à acquérir). Dans le cas de la gestion des crises de colère, le parent peut expliquer à l’enfant qu’il serait agréable s’il apprenait à ne pas se fâcher quand il ne réussit pas une activité où il veut être autonome (le faire tout seul). Il pourrait apprendre à garder son calme et exprimer ses émotions.

Percevoir les avantages et les efforts

Pour que l’enfant accepte de fournir un effort modifiant son comportement moteur, social ou autre, il doit y voir des avantages souvent expliqués par son parent. Il faut donc présenter l’acquisition de son autonomie sous forme de jeu à l’enfant.

Dans le cas de l’habillage, on pourrait dire que « Monsieur Vite et Rapide » va agir le matin pour être tout habillé avant maman et papa! Pour l’aider dans ce jeu, l’enfant se donne un compagnon qui va l’accompagner dans sa tâche soit en l’observant soit en participant. « Monsieur ou Madame Vite et rapide » se fait aider par « Rosalie », sa poupée qui la regarde pendant que l’enfant met seule ses pantalons.

Le parent donne un coup de pouce physiquement à son enfant si celui-ci accepte ou lui fournit verbalement des trucs simples comme: « Mets tes pantalons sur le plancher et assis toi devant pour les enfiler ». « N’oublie pas que l’étiquette doit être couchée sur le plancher. Ton étiquette ira dans ton dos lorsque tu auras mis tes pantalons »! Si l’enfant n’accepte pas que le parent lui donne des conseils, cela peut être son compagnon « Rosalie » ou autre qui va donner des conseils ou l’encourager dans le processus d’apprentissage de son autonomie.

Participation des « supporters » à l’enfant

Lorsque vous décidez de mettre en place cette méthode d’acquérir les habiletés d’autonomie, impliquez tous les alliés de la famille. Ainsi, l’enfant va être fier de ses progrès. Il pourra être félicité pour ses efforts par ses « supporters ». Cela peut être ses grands-parents, ses oncles et tantes ou bien ses frères et sœurs plus âgés. L’enfant comprend qu’il a une équipe derrière lui pour le soutenir dans l’acquisition de ses habiletés. Cela l’aide grandement à persévérer et à le motiver. Cette confiance qu’il perçoit de son entourage va lui donner confiance en lui pour agir.

Si cela demeure difficile pour l’enfant de persévérer dans l’acquisition de la nouvelle habileté, vous pouvez utiliser des habiletés qu’il a déjà acquises (par exemple: aller sur le petit pot pour faire ses besoins) pour lui faire comprendre qu’il peut aussi  être capable et autonome dans d’autres situations.

Encourager les efforts et réussites de l’enfant

L’enfant peut expliquer comment il agit ou il peut tout simplement faire une démonstration. Si son entourage (ses supporters) sont encourageants, l’enfant se sent important et fier de sa performance d’autonomie. C’est excellent pour développer son estime de soi. La nouvelle habileté acquise sera ainsi renforcée pour s’ancrer dans le comportement de l’enfant.

Rechutes probables

Aucun enfant fait un développement linéaire de son autonomie. En effet, l’enfant peut parfois faire deux pas par en avant et reculer un peu par une rechute avant de consolider ses nouvelles habiletés. Tout ne va pas comme sur des roulettes. Ces rechutes sont normales et font partie du cheminement de chaque enfant. Se servir de son compagnon (toutou ou poupée ou ami imaginaire) est une bonne façon d’aider l’enfant à recommencer à faire des efforts pour consolider ses nouvelles habiletés.

Lorsque l’habileté ciblée est acquise et consolidée, l’enfant peut être fier d’aider lui-même un ami par ses actions ou ses paroles. Par exemple, une enfant qui ne voulait pas attacher ses souliers. L’habileté de faire des boucles a été travaillée. Maintenant, elle est capable et en est fière. Si elle a un ami à la garderie qui ne réussit pas à attacher ses souliers, elle pourrait lui dire: « Tu peux réussir toi aussi car moi je suis capable maintenant »

Célébrer l’acquisition de cette nouvelle habileté

Lorsque l’enfant a acquis sa nouvelle habileté d’autonomie, c’est important de célébrer cette réussite pour lui. C’est la récompense pour les efforts fournis. Cette récompense peut prendre diverses formes dépendamment de chaque enfant pourvu que cela déclenche une grande joie chez l’enfant. Par exemple, pour certains enfants, cela pourrait être d’inviter les amis de la garderie à la maison où il y aura de la musique et des jeux. Pour d’autres, cela peut être d’aller récolter des pommes, d’aller à la plage, etc.

Agir un pas à la fois

Le développement de l’autonomie d’un enfant est comme monter un escalier. Il gravit une marche, peut y demeurer un certain temps pour consolider ses habiletés et puis il est prêt à gravir une autre marche. Donc, lors de problème ou difficultés importantes dans plusieurs habiletés, il faut prioriser et en travailler qu’une à la fois pour être sûr de diminuer les rechutes. Le cheminement doit être perçu de façon positive par l’enfant et par vous le parent qui le soutenez dans son cheminement.

Choisir un nouveau défi

Lorsque l’enfant maîtrise l’habileté qui avait été ciblée et que sa réussite a été célébrée. Il entreprend alors l’apprentissage d’une nouvelle habileté pour poursuivre la démarche d’autonomie.

L’enfant a le choix entre quelques habiletés si certaines sont toutes prioritaires mais il doit en choisir toujours juste une à la fois pour reprendre toutes les étapes.

Résumé des étapes pour faciliter la consolidation d’une habileté de l’enfant

  • L’enfant et le parent conviennent de l’habileté qu’il veut acquérir (convertir des problèmes vécus par l’enfant en habileté à acquérir)
  • Le parent et l’enfant trouvent tous les avantages que l’enfant aura de développer cette nouvelle habileté. L’enfant doit bien comprendre ces avantages.
  • L’enfant choisit un ami imaginaire ou magique qui va l’aider à acquérir cette nouvelle habileté.
  • Le parent et l’enfant identifient des « supporters ». L’enfant doit savoir qui sont « supporters » dans sa démarche « Je suis capable ».
  • Le parent et les « supporters » encouragent l’enfant dans ses efforts et dans ses rechutes.
  • Le parent donne les occasions à l’enfant de montrer ses progrès à ses « supporters » pour l’encourager à poursuivre ses efforts.
  • L’enfant, le parent et les « supporteurs » célèbrent la réussite de l’acquisition de l’habileté.
  • L’enfant peut maintenant enseigner cette habileté à ses amis ou pairs.
  • Le cycle est complet et on choisit une nouvelle habileté.

Françoise Lespérance, ergothérapeute

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L’enfant et ses besoins particuliers

Certains couples vont espérer et attendre très longtemps avant de réussir à concevoir un enfant. Pour d’autres, cela est beaucoup plus facile. Tous les futurs parents, lorsque l’enfant est désiré, ont de fortes émotions de joie, de bonheur et d’excitation à la venue de ce petit être qui va s’ajouter à leur couple ou à la famille déjà débutée.

Lorsque l’enfant arrive, l’attention se porte sur sa physionomie et le nom qu’il portera pour toute la vie. Est-ce qu’il ressemble davantage à son père ou à sa mère? A-t-il autant de cheveux que son père à sa naissance? Les premiers mois sont parfois ardus en temps de sommeil et de patience pour les nouveaux parents qui se questionnement s’ils ont pris la bonne décision de vouloir ce petit perturbateur de leur quotidien de couple!! Mais le premier sourire et le premier mot effacent ces interrogations. Au fil des jours, les parents découvrent que leur enfant aime tenir des jouets dans ses mains, les faire bouger et qu’il observe beaucoup le non-verbal de ses parents pour le faire sourire ou rire. Le jeu est ainsi apparu dans la relation parent-enfant.

L’enfant grandit. À certains moments, des difficultés de différents types peuvent apparaître durant les premières années de vie de ce nouvel enfant. Il ne veut pas manger, il pleure sans arrêt, il se réveille à toutes les nuits, etc…Les parents vont alors se questionner sur ce qui se passe et quoi faire pour trouver des solutions. Les premières actions sont souvent de consulter les amis, les parents ou le médecin pour questionner la situation problématique et essayer de trouver des solutions.

Dans la majorité des situations, les difficultés sont mineures et l’enfant continue à se développer selon les « standards » du développement de l’enfant. Pour certains enfants, un coup de pouce est nécessaire sous forme de stimulation supplémentaire pour les aider à développer leur potentiel. Pour une minorité d’enfants, leur problématique peuvent être plus importante et demande une investigation médicale et des interventions plus structurées avec des objectifs déterminés pour les aider à s’améliorer et à acquérir de nouvelles capacités. Voici quelques exemples de problématiques des enfants où il faut s’attarder davantage pour pouvoir les aider:

  • il n’est pas vraiment intéressé par les jouets et les jeux de table comme la pâte à modeler, faire des dessins, faire des casse-têtes ou du bricolage;
  • il est maladroit dans les activités physiques comme jouer au ballon, faire du vélo, courir, grimper dans une structure de jeux au parc;
  • il a de la difficulté à s’habiller, attacher ses vêtements ou ses souliers;
  • il fait régulièrement toutes sortes de dégâts;
  • il est très craintif ou ne veut pas toucher à différentes textures, ni manger des nouveaux aliments;
  • il peut parfois mordre ou se frapper ou n’est pas conscient du danger;
  • il a de la difficulté à demeurer calme plus de 5 secondes;
  • il a de la difficulté avec l’établissement d’une routine;
  • il a de la difficulté à se faire des amis et à les garder.

Tous les exemples donnés précédemment sont des indices que votre enfant a certains besoins qu’il faut adresser via des interventions et des activités structurées selon des approches utilisées dans le domaine de l’ergothérapie.

Dans ce blog, je vais adresser plusieurs de ces problématiques et des solutions à mettre en place. J’utiliserai le jeu comme moyen principal pour aider l’enfant à apprendre, à bouger et découvrir dans le but d’agir directement sur les difficultés de l’enfant.

Au plaisir que vous vous abonniez au site web « Jouer et Grandir » pour que je puisse vous faire bénéficiez de mon expérience et de mes connaissances en tant qu’ergothérapeute ayant travaillé dans le réseau de santé public canadien durant près de 35 ans.

Françoise Lespérance, ergothérapeute

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