par Francoise Lespérance | 31 août 2018 | Activités d'apprentissage
Les premières années du primaire sont une étape importante pour apprendre à lire, à écrire et à calculer. Souvent, la dyspraxie visuo-spatiale n’est même pas envisagée pour l’enfant qui était maladroit et qui avait de la difficulté à dessiner et à découper lors de sa maternelle 5 ans. On tente parfois d’expliquer ces difficultés par une hypothèse de déficience intellectuelle ou des raisons d’ordre psycho-affectives.
Pourquoi? Parce que la dyspraxie visuo-spatiale est méconnue. C’est un trouble invisible qui touche la coordination des mouvements volontaires du corps et principalement celle des yeux au niveau des « gestes du regard ». Selon les statistiques, 6% de la population sont touchés par la dyspraxie motrice. L’altération, plus ou moins importantes, des gestes du regard se situe au niveau des mouvements des muscles des yeux permettant les actions suivantes:
- La fixation visuelle: Saisir par le regard un objet ou une cible pour en obtenir une image sur la rétine de l’oeil qui va être transmise au cerveau. Les recherches démontrent que l’enfant dyspraxique ne peut pas fixer longtemps un stimulus surtout sur une feuille ou un écran. Le regard va se promener et errer.
- Les saccades visuelles: bouger rapidement les yeux entre deux stimulus en positions stables. Les mouvements de saccade sont utilisés lors de la lecture. Les yeux vont faire des mouvements pour progresser sur la ligne à lire, vont aider à revenir au début de la ligne suivante pour poursuivre la lecture. Ils peuvent aussi revenir un peu en arrière sur la ligne pour comprendre ou corriger ce qui vient d’être regarder.
- La poursuite visuelle: Fixer une cible en mouvement et maintenir le regard sur la cible de façon fluide pour obtenir une image de qualité sur la rétine. C’est un mouvement oculaire très utile dans certaines activités comme dessiner, suivre un ballon des yeux,…
- L’exploration visuelle: Parcourir du regard un espace déterminé à la recherche d’un ou de plusieurs informations spécifiques. Ces mouvements d’exploration demandent un contrôle moteur oculaire complexe de fixation et de saccade. Cette capacité est régulièrement sollicitée dans les activités de papier-crayon et des apprentissages scolaires.
Quelles sont les conséquences de la dyspraxie visuo-spatiale durant les premières années de la scolarisation?
Durant les premières années de sa scolarisation, l’enfant ayant une DVS (dyspraxie visuo-spatiale) peut vivre des difficultés plus ou moins importantes dans les activités suivantes:
- Réussir à se former des images mentales pour illustrer la relation d’un objet par rapport aux autres. En mathématiques, les notions d’unités, dizaines, centaines et milliers seront un défi;
- Coordonner plusieurs informations sur papier lors de calcul ( alignement des chiffres en colonne, ne pas oublier des informations en promenant les yeux sur la feuille,…)
- Trouver des éléments dans un schéma, au tableau ou sur des cartons placés sur les murs de la classe.
- Compter des éléments dans un espace déterminé pour en identifier la totalité;
- Se retrouver dans un texte ou une page
- Copier des informations du tableau à la feuille
- Dessiner des formes géométriques ou lors de l’écriture des lettres en tenant compte des trottoirs du cahier,..
De plus, les maladresses ou difficultés ressortent dans les autres activités de la vie quotidienne. Par exemple:
- Retrouver un objet spécifique dans son bureau ou son casier
- Réussir à s’habiller ou se déshabiller seul en mettant ses vêtements dans le bon sens
- Réussir à lacer ses souliers
- Réussir à ouvrir des contenants pour manger sa collation ou son dîner
Que faire pour aider l’enfant DVS dans son quotidien des premières années de scolarisation?
Un enseignement avec des moyens compensatoires ainsi que des activités de réadaptation pouvant répondre aux besoins spécifiques de chaque enfant est nécessaire. La concertation entre les différents professionnels du milieu scolaire et de la santé vont aider l’enfant à vivre du succès dans ses activités quotidiennes et lors des apprentissages scolaires.
Des principes de base sont essentiels pour l’enfant:
- Fournir des adaptations pertinentes selon les besoins de l’enfant dans ses apprentissages scolaires ( livres, logiciels, outils scolaires);
- Décortiquer les tâches à effectuer dans une activité pour en faciliter la réussite. Cela va l’aider à mieux exécuter chaque mouvement moteur de façon séquentielle;
- Lui donner des consignes courtes et claires. Vérifier sa compréhension des étapes de l’activité proposée;
- Fournir des supports visuels (pictogrammes) pour faciliter la séquence des gestes à poser lors d’une activité complexe;
- Préparer du matériel adapté pour faciliter les apprentissages (matériel à 3 dimensions pour les mathématiques; matériel aimanté,…);
- Épurer l’information visuelle que l’enfant doit consulter;
- Ne pas promouvoir la copie du tableau à la feuille placée sur le bureau de l’enfant;
- S’assurer d’un positionnement assis adéquat lorsque l’enfant travaille à son bureau;
- Accepter que l’enfant n’est pas « paresseux » ou « non attentif » lorsqu’il vit des échecs dans certaines situations.
Faciliter la compréhension de la dyspraxie visuo-spatiale et ses conséquences sur l’enfant font une différence majeure dans sa vie et son développement. Il peut ainsi obtenir du succès à l’école et développer un sentiment d’estime de soi qui le construit un peu à chaque jour de son cheminement dans ses premières années de scolarisation!
Françoise Lespérance, ergothérapeute
par Francoise Lespérance | 17 août 2018 | Activités d'apprentissage
Qu’est ce que la comorbidité?
Le dictionnaire Larousse définit la comorbidité comme une « association de deux maladies physiques, fréquemment observée dans la population ». De son côté, Wikipédia donne cette définition: « la comorbidité est la présence simultanée de plusieurs diagnostics » et « la présence d’un ou de plusieurs troubles associés à un trouble ».
Au niveau clinique, les thérapeutes observent que plusieurs enfants se retrouvent avec différents diagnostics comme la dyslexie, la dysorthographie, la dyscalculie, la dyspraxie visuo-spatiale ou avec une dyspraxie motrice. Il y a 4 principaux points communs à ces différents diagnostics selon les recherches cliniques:
- les enfants sont d’intelligence normale lors de la passation de tests psychométriques
- une incidence négative sur les apprentissages
- un caractère familial plus ou moins fréquent (retrouve plus d’un enfant par famille avec des diagnostices « Dys »)
- Prédominance de ces diagnostics chez les garçons
La Dyspraxie et la comorbidité avec d’autres troubles
Certains chiffres sont mentionnés dans les recherches avec des variations mais en voici quelques uns:
- 6% de la population sont touchés par la dyspraxie motrice (trouble développementale de la coordination)
- 87% des enfants ayant de la dyspraxie ont de la comorbidité avec un autre diagnostic
- 37% des enfants dyspraxiques sont aussi TDA-H (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité)
- Des auteurs notent une forte association entre le degré d’inattention et la sévérité du trouble moteur
- 63% des enfants dyspraxiques ont un diagnostic de dyslexie
- Presque tous les enfants ayant un diagnostic de dyslexie sont aussi dysorthographiques
- 25% des enfants ayant un trouble d’apprentissage ont un diagnostic de dyscalculie
La comorbidité entre la dyspraxie (trouble développementale de la coordination) et les autres « Dys » démontrent une influence majeure sur les apprentissages en général. Mais, de façon plus spécifique, il y a un impact significatif sur les apprentissages relevant du scolaire.
Qu’est ce que la dyspraxie motrice/ dyspraxie visuo-spatiale?
C’est un trouble neurodéveloppemental qui affecte la capacité de choisir, planifier, séquencer et exécuter des mouvements du corps dans l’espace. Cela touche à la qualité des gestes moteurs incluant ceux des yeux (gestes du regard). Donc, il est possible d’utiliser la nomenclature générale du trouble développemental de la coordination mais dans certaines situations, c’est préférable d’avoir une idée plus précise de ce trouble. De plus, dans les études scientifiques, la dyspraxie a été segmenté en différents sous-types dépendamment des symptômes prédominants pour en expliquer les problématiques vécus par les enfants. En voici quelques unes:
-
Dyspraxie idéatoire : trouble de la succession chronologique des différentes étapes dans la réalisation du geste pour manipuler l’objet.
-
Dyspraxie idéomotrice : trouble de l’organisation du geste moteur en l’absence de manipulation réelle de l’objet (faire semblant de, imiter des gestes…).
-
Dyspraxie visuoconstructive : troubles qui se révèlent dans les activités d’assemblage et de construction.
-
Dyspraxie visuospatiale : trouble touchant majoritairement les mouvements des yeux (gestes du regard). Également, l’organisation dans l’espace tel que des activités à deux dimensions (papier, reproduction de dessins, de lettres,…).
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Causes de la dyspraxie et des autres troubles « DYS »
Au cours des dernières décennies, des recherches ont tenté de trouver les différentes causes reliés à ces troubles neurodéveloppementaux. Certaines recherches ont mis l’accent sur des structures du cortex cérébral comme les fonctions cérébelleuses tandis que d’autres recherches ont ciblé des facteurs génétiques. Les scientifiques poursuivent leurs travaux en lien avec un trouble spécifique « Dys » comme la dyslexie ou en mettant en relief les symptômes communs qui ressort par la comorbidité. Aucune cause précise n’est encore identifiée. Par contre, certains résultats de recherche donnent des pistes de solutions et d’orientation pour intervenir auprès des enfants.
Que faire de façon pratique pour aider l’enfant présentant de la dyspraxie motrice/dyspraxie visuo-spatiale?
La première étape est de bien comprendre les impacts fonctionnels du trouble de l’enfant. Par la suite, des activités et exercices peuvent être mis en place par des spécialistes pour stimuler l’aspect moteur, sensori-moteur et visuo-perceptivo-moteur dans le but d’améliorer la qualité des mouvements du corps de l’enfant et de ses yeux (gestes du regard).
Ces stimulations auront également un effet sur la perception visuelle de l’enfant, leur utilisation dans les activités de la vie de tous les jours et des apprentissages scolaires.
Aussi, il faut envisager de trouver des solutions par des adaptations compensatoires facilitant les gestes moteurs et du regard dans le quotidien de l’enfant et pour lui permettre de faire ses apprentissages scolaires.
Françoise Lespérance, ergothérapeute
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Références:
- Troubles associés et comorbidités dans la dyslexie : de l’observation clinique à la compréhension des mécanismes (http://www.resodys.org/)
- Le point sur la dyspraxie développementale : symptomatologie et prise en charge par Laurence Vaivre-Douret
- La dyspraxie visuo-spatiale de Valérie Duband
- EACD Recommendations Long version** Definition, Diagnosis, Assessment and Intervention of Developmental Coordination Disorder (DCD) Version – July 2011
par Francoise Lespérance | 11 août 2018 | Activités d'apprentissage, Vision et perception
Connaissez-vous la dyspraxie visuo-spatiale?
La dyspraxie est un trouble neurodéveloppemental chez l’enfant qui est très peu connu. De temps en temps, dans une conversation, on peut entendre les mots dyslexie, dyscalculie ou dysorthographie qui refèrent à des troubles d’apprentissages.
Tous ces « dys » font partie des troubles neurodéveloppementaux qu’on retrouve chez les enfants. Certains sont identifiés seulement lorsque l’enfant est rendu à l’école mais la dyspraxie peut parfois être détectée plus tôt. Les orthophonistes vont clarifier si un enfant a de dyspraxie verbale tandis que les ergothérapeutes vont axés leurs évaluations et leurs interventions sur la dyspraxie motrice maintenant nommée trouble développemental de la coordination (TDC).
La dyspraxie verbale touche principalement les muscles et les composantes du langage pour faciliter la prononciation des mots et phrases. Quant à la dyspraxie motrice ou trouble développemental de la coordination, il s’agit d’un trouble moteur qui affecte l’ensemble du corps dans les mouvements moteurs pour les planifier et les coordonner.
Alors pourquoi parle-t-on de dyspraxie visuo-spatiale?
Les gestes du regard peuvent être touchés par la dyspraxie motrice c’est-à-dire que la coordination des mouvements des yeux est aussi problématique. Par exemple, l’enfant va avoir de la difficulté à fixer ou suivre le mouvement d’un objet dans l’espace. Alterner son regard de près et de loin est souvent incoordonné et fatigant. Les mouvements raffinés des saccades visuelles sont difficiles pour lire et écrire.
Également, la perception visuelle des formes et de leurs positions dans l’espace est touchée ainsi que la relation du corps avec son environnement. Donc, lorsque ces fonctions ont un effet significatif pour perturber la vie quotidienne de l’enfant à la maison et à l’école dans des activités tel que écrire, lire, calculer, organiser son espace de travail ou sa chambre, il s’agit de dyspraxie visuo-spatiale ou de trouble développementale de la coordination avec composante visuo-spatiale.
Est-ce facile à détecter?
La dyspraxie est un trouble invisible qui peut grandement affecter l’estime de soi de l’enfant car celui-ci va souvent avoir de la difficulté à faire des jeux de groupe comme le soccer ou le baseball. Il est maladroit, tombe fréquemment ou accroche les objets situés près de lui en créant des catastrophes…L’enfant se fait souvent disputer de par sa maladresse ou son manque d’intérêt pour bouger, courir, lire, écrire, faire des bricolages, etc…
Souvent, les mouvements des yeux sont perçus comme acquis et il y a peu d’investigation qui se fait à ce niveau pour définir si la dyspraxie touche également les gestes du regard. La préoccupation majeure va principalement être de s’assurer que l’enfant a une bonne acuité visuelle et s’il a besoin ou pas de lunettes. La dyspraxie visuo-spatiale n’est pas corrigée par les lunettes et souvent l’enfant a besoin d’exercices spécifiques pour améliorer les capacités motrices des muscles entourant les yeux.
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Fiche d’observation
Voici quelques éléments qui peuvent mettre la « puce à l’oreille » de mieux comprendre et cerner les difficultés de l’enfant qui s’apparente avec de la dyspraxie visuo-spatiale :
- Maladresse dans les jeux moteurs;
- Équilibre instable;
- Lenteur pour exécuter des gestes moteurs tel que dessiner, écrire, s’habiller;
- N’a peu d’intérêt pour les activités de table tel que dessiner, bricoler, découper;
- Échappe régulièrement ses ustensiles, se salit beaucoup et aime davantage manger avec ses doigts;
- Peut mettre ses vêtements à l’envers;
- Ne réussit pas à attacher ses souliers (faire des boucles);
- Ne réussit pas à se moucher seul;
- Maladresse pour se brosser les dents
- Écrire les lettres est ardu: inversions des lettres, mauvaises directionnalités des traits pour former les lettres et dépassement des trottoirs des cahiers d’écriture.
Au niveau visuel et perceptuel :
- Difficulté de balayage visuel;
- Difficulté à reproduire un modèle sur papier (les lettres, les chiffres, un bonhomme,…);
- Semble avoir peu d’images mentales de la représentation des objets;
- Semble perdu sur une feuille où il y a beaucoup d’informations;
- Difficulté à attraper et lancer un ballon ou une balle (objet qui bouge dans l’espace);
- Difficulté à suivre le contour d’une forme au découpage;
- Faire de la copie de mots ou de phrase du tableau à la feuille est ardu et lent.
Conclusion
La dyspraxie visuo-spatiale a des répercussions importantes dans la vie de l’enfant même si celui-ci nous semble « normal ». Cet enfant va avoir besoin de l’adulte pour le soutenir dans ses activités quotidiennes à la maison, à l’école et dans ses loisirs. Il va aussi avoir besoin de diverses adaptations pour lui faciliter son autonomie (ex. : lacet élastique au lieu d’apprendre à faire ses boucles) et ses apprentissages scolaires (ex : des adaptateurs de crayons, des règles de lecture, des repères visuelles sur les feuilles, etc…). De mieux comprendre que cet enfant n’est pas paresseux ou désintéressé est primordial pour agir positivement et l’aider dans son développement.
Françoise Lespérance, erg
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par Francoise Lespérance | 6 juillet 2018 | Développement général de l'enfant
Les stimuli sensoriels et le mouvement font partie de la vie dès la naissance. Dans les premières semaines de vie, le bébé bouge de façon incoordonnée en agitant les bras et les jambes. Il est aussi en train de développer sa vision.
Puis, le cerveau raffine la planification, l’organisation et la coordination de toutes les informations qui proviennent du corps de l’enfant qui interagit avec son environnement.
Vers l’âge de 12 à 15 mois, l’enfant augmente l’accessibilité à explorer son environnement par l’acquisition de la marche. Mais, depuis sa naissance, l’enfant utilise ses 7 sens: la vision, l’audition, le goût, l’odorat, le toucher, le vestibulaire et la proprioception. La majorité du temps, on parle de 5 sens mais on oublie les deux derniers qui sont très importants dans le développement de l’enfant.
Le sens de la proprioception provient des muscles, des articulations, des ligaments et des os. Ceux-ci envoient de l’information au cerveau comme la vision ou l’audition. Ce sens de la proprioception est important pour que le corps puisse s’orienter dans l’espace puis planifier et exécuter des mouvements.
Le sens vestibulaire, quant à lui, provient des oreilles internes. Lorsque le corps bouge, l’oreille interne envoie au cerveau de l’information sur la direction et la vitesse du mouvement. Grâce à ce sens, le corps peut ajuster sa position dans l’espace tout en développant l’équilibre et le tonus musculaire.
Il y a quatre étapes dans le fonctionnement sensoriel. Les 7 sens reçoivent de l’information provenant de l’environnement de l’enfant. Ils transmettent ces informations au cerveau. Celui-ci analyse et traite l’information dans plusieurs zones de ses hémisphères cérébrales. Par la suite, le cerveau envoie des messages au corps pour qu’il réagisse.
Les sens permettent donc, de produire des réactions au niveau du comportement, des interactions sociales, des apprentissages. Bien sûr, ils sont nécessaires pour le développement général de l’enfant.
La modulation sensorielle
Tous les sens sont en éveil en même temps mais le cerveau ne peut pas traiter toutes ces informations en s’y attardant de la même façon. La modulation sensorielle est cette capacité d’obtenir un équilibre pour être capable de considérer que certaines informations sensorielles sont plus importantes que d’autres dépendamment des situations.
L’enfant développe cet équilibre à mesure qu’il grandit. L’enfant apprend à faire des distinctions. Lorsqu’il ne réussit pas à moduler les informations provenant de ces différents sens, l’enfant va être en hyperéactivité ou en hyporéactivité . Dans ces situations, ses réactions auront un impact sur son comportement, ses interactions sociales ou ses apprentissages.
Il y a hyperéactivité lorsque les stimuli perçus comme normaux pour la majorité des enfants entraînent une réaction plus grande ou plus importante chez l’enfant. À l’inverse, l’enfant peut ètre en hyporéactivité s’il perçoit moins les stimuli que les autres enfants.
Ces réactions d’hyperéactivité ou d’hyporéactivité peuvent se retrouver pour chaque sens. L’enfant peut être en recherche de stimuli sensoriels ou en évitement. Il peut être hypersensible ou hyposensible aux stimuli.
C’est même possible que le cerveau a besoin de stimuli plus fréquemment, de façon plus intense, durant un laps de temps plus long pour les enregistrer et déclencher le cycle des 4 étapes mentionnés précédemment (réception, analyse, traitement, action par le corps).
Un exemple du fonctionnement de deux enfants
Voici un exemple pour expliquer comment deux enfants différents âgés de 3-4 ans dans le même environnement peuvent utiliser les informations provenant de leurs différents sens:
Manuel et Xavier sont dans une salle où il y a du bruit, d’autres enfants et plusieurs jouets accessibles. Manuel bouge continuellement pour toucher aux différents jouets. Il ne reste pas longtemps au même jeu. Il ne tient pas compte des autres enfants en courant dans le local et son comportement est peu sécuritaire pour lui et les autres enfants.
Xavier est dans la même salle. En entrant dans la pièce, il ne regarde aucun ami et se dirige directement vers un jeu de construction qu’il reconnaît. Il s’assit au sol et se met à faire une tour de blocs avec le jeu. Xavier n’est pas intéressé par ce qui se passe dans la pièce. En courant, Manuel accroche la tour de blocs et la fait tomber! Xavier se met à pleurer! Manuel continue à courir!
Deux enfants, deux comportements différents dans le même environnement. Manuel est à la recherche de stimulation sensorielle en lien avec son hyporéactivité au niveau des sens proprioceptif et vestibulaire. Cela a un effet sur son comportement d’être constamment en mouvement dans la salle.
Quant à Xavier, il a besoin de faire une activité qu’il connaît: les blocs. Il utilise peu sa vision et son audition pour explorer son environnement. Il met son attention sur un objet et a ignoré les autres stimuli (bruit, mouvement). Son comportement s’est arrêté sur la tâche de construire une tour.
Dans cet exemple, lorsque nos deux amis seront rendus à l’école, Manuel aura peut-être besoin d’adaptations pour diminuer les distracteurs dans la classe afin de faciliter les apprentissages scolaires. Pour Xavier, celui-ci pourrait avoir besoin de soutien et de stimulation pour l’aider à établir des relations avec ses pairs et faciliter les transitions lors de changements.
L’ergothérapie et la modulation sensorielle
L’ergothérapeute peut aider les deux enfants malgré leur dynamique très différente. L’ergothérapeute peut évaluer le profil sensoriel de chaque enfant. Il va recueillir des notions sur le comportement de l’enfant en lien avec le traitement des informations provenant de ses sens et de ses réactions au niveau social et de ses apprentissages.
Par son analyse, il peut déterminer un plan pour intervenir auprès de l’enfant par des actions et des activités à privilégier selon différentes approches thérapeutiques. En fonction de la dynamique de chaque enfant, ses interventions vont faciliter la modulation sensorielle, permettre de mettre en place des stratégies compensatoires et clarifier l’utilisation d’adaptations en vue d’aider l’enfant dans son quotidien.
L’ergothérapeute travaille en collaboration avec les parents et les intervenants des milieux scolaire ou de garderie pour obtenir une concertation par un travail d’équipe.
Françoise Lespérance, ergothérapeute
de Jouer et Grandir
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