Écrire et l’ergothérapie

Écrire est une activité que nous réalisons à tous les jours pour la majorité de la population soit avec des crayons ou avec un ordinateur. Lorsque le jeune enfant de quatre à cinq ans débute sa scolarisation, il va apprendre à écrire en utilisant les crayons. Plusieurs enfants ont des difficultés à tenir ce fameux crayon pour tracer les lettres de l’alphabet peu importe la langue d’apprentissage (latine, arabe,…). Pourquoi? Comment faciliter la prise du crayon? Comment faire pour que mon enfant réussisse à le contrôler pour tracer les traits qui servent à former les lettres?

L’ergothérapie est une profession qui peut aider l’enfant à mieux cerner les problématiques de l’enfant. L’ergothérapeute va évaluer l’enfant dans son activité d’écrire. Il pourra déterminer des activités à mettre en place ainsi que des suggestions de matériel adapté pouvant aider l’enfant dans cette tâche. Allez voir le programme Les Ateliers « J’aime lire et écrire » qui pourrait aider votre enfant dans ces activités.

L’observation fonctionnelle de l’enfant

Que faut-il observer chez l’enfant lorsqu’il utilise les crayons?

  1. Comment place-t-il ses doigts pour tenir le crayon? à trois doigts? à quatre doigts? globalement?
  2. Comment positionne-t-il sa tête pour regarder ce qu’il est en train d’écrire ou de dessiner? est-il capable de regarder son travail pendant quelques secondes sans relever la tête?
  3. A-t-il une main dominante pour écrire ou dessiner? Change-t-il son crayon de main lorsqu’il écrit du côté droit puis du côté gauche d’une feuille?

Écrire demande de la coordination oculo-motrice (entre l’œil et la main). Aussi, il est nécessaire que l’enfant ait développé un certain tonus dans son corps,  à l’épaule, dans le bras, dans la main et dans les doigts. Il a besoin de contrôler ce tonus pour faire des mouvements et des arrêts (contrôle moteur des mouvements) . La dissociation de chaque doigt dans les mouvements et arrêts est nécessaire pour diriger le crayon. L’enfant a besoin de faire bouger le crayon par le mouvement de ses doigts plutôt qu’un mouvement du poignet et du bras.

Souvent, lorsque ces capacités ne sont pas acquises, l’enfant démontre beaucoup de fatigue à écrire. Ou, il n’est pas intéressé par l’écriture que ce soit en script ou en cursif. L’ergothérapeute après avoir évalué le fonctionnement de l’enfant, peut déterminer par quoi il faut commencer pour avoir un effet sur les capacités de l’enfant. Souvent, il faut revenir à des mouvements du corps qui sont importants à consolider pour aider l’enfant à écrire.

Écrire et la marche à quatre pattes

Une des activités qui influencent beaucoup la capacité de l’enfant à écrire est: a-t-il marché à quatre pattes lorsqu’il était tout petit? La marche à quatre pattes est nécessaire au développement moteur et neurologique pour écrire. En voici quelques bénéfiques:

  • elle permet de renforcer le tonus musculaire du corps.
  • elle consolide la dissociation des deux côtés du corps (la main dominante et non dominante ne feront pas la même chose),
  • elle facilite l’extension du poignet et la force dans les mains ainsi que dans les bras
  • elle stimule les deux hémisphères du cerveau pour qu’ils travaillent ensemble (facilite le décodage et la compréhension des lettres)
  • Elle permet d’acquérir des notions de perception visuelle et de relations dans l’espace.

Donc, pour aider la prise de crayon et le tonus de votre enfant, refaites des activités sous forme de jeux dans la position à quatre pattes durant quelques semaines. Cela sera bénéfique pour écrire!

N’oubliez pas d’aller voir le programme thérapeutique et éducatif Les Ateliers « J’aime lire et écrire » qui vous donne beaucoup d’outils et d’activités à mettre en place à la maison pour aider votre enfant à développer ses capacités en écriture et lecture.

Françoise Lespérance, ergothérapeute

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L’autonomie: Je suis capable !

« Je suis capable »: petite phrase que votre enfant de deux ans et demi commence à vous dire! Wow, ce n’est déjà plus un bébé ! Il bouge, court, veut apprendre et imiter ce que les adultes font. Ses poupées et ses toutous lui servent de compagnons pour mettre en place différents scénarios de jeux.

Plus il vieillit, plus il veut devenir autonome et faire les choses par lui-même. Mais, parfois c’est plus facile à dire qu’à faire! Il peut éprouver certaines difficultés ou problèmes qui ralentissent cette autonomie qu’il veut avoir. Dans cet article, vous trouverez une méthode qui peut s’appliquer à partir de l’âge de 3½-4 ans à tous les habiletés de l’enfant (aspects moteur, langagier, social et comportemental).

Stratégie pour développer les habiletés d’autonomie de l’enfant

La première stratégie pour développer son autonomie est de déterminer ce qui est difficile pour l’enfant. Puis de clarifier l’habileté qu’il doit acquérir pour réussir. Par exemple, l’identification du problème est: « Il ne réussit pas à mettre son pantalon tout seul ». L’habileté à acquérir est: « Bien placé son pantalon et son corps pour réussir à le glisser sur ses jambes et hanches puis l’attacher ».

Si le problème est: « Il fait des crises de colère », l’habileté sera: « II peut exprimer calmement sa colère ». À cette étape, c’est souvent le parent qui identifie le problème mais l’enfant doit comprendre ce qui va être travaillé en priorité (s’il y a plusieurs habiletés à acquérir). Dans le cas de la gestion des crises de colère, le parent peut expliquer à l’enfant qu’il serait agréable s’il apprenait à ne pas se fâcher quand il ne réussit pas une activité où il veut être autonome (le faire tout seul). Il pourrait apprendre à garder son calme et exprimer ses émotions.

Percevoir les avantages et les efforts

Pour que l’enfant accepte de fournir un effort modifiant son comportement moteur, social ou autre, il doit y voir des avantages souvent expliqués par son parent. Il faut donc présenter l’acquisition de son autonomie sous forme de jeu à l’enfant.

Dans le cas de l’habillage, on pourrait dire que « Monsieur Vite et Rapide » va agir le matin pour être tout habillé avant maman et papa! Pour l’aider dans ce jeu, l’enfant se donne un compagnon qui va l’accompagner dans sa tâche soit en l’observant soit en participant. « Monsieur ou Madame Vite et rapide » se fait aider par « Rosalie », sa poupée qui la regarde pendant que l’enfant met seule ses pantalons.

Le parent donne un coup de pouce physiquement à son enfant si celui-ci accepte ou lui fournit verbalement des trucs simples comme: « Mets tes pantalons sur le plancher et assis toi devant pour les enfiler ». « N’oublie pas que l’étiquette doit être couchée sur le plancher. Ton étiquette ira dans ton dos lorsque tu auras mis tes pantalons »! Si l’enfant n’accepte pas que le parent lui donne des conseils, cela peut être son compagnon « Rosalie » ou autre qui va donner des conseils ou l’encourager dans le processus d’apprentissage de son autonomie.

Participation des « supporters » à l’enfant

Lorsque vous décidez de mettre en place cette méthode d’acquérir les habiletés d’autonomie, impliquez tous les alliés de la famille. Ainsi, l’enfant va être fier de ses progrès. Il pourra être félicité pour ses efforts par ses « supporters ». Cela peut être ses grands-parents, ses oncles et tantes ou bien ses frères et sœurs plus âgés. L’enfant comprend qu’il a une équipe derrière lui pour le soutenir dans l’acquisition de ses habiletés. Cela l’aide grandement à persévérer et à le motiver. Cette confiance qu’il perçoit de son entourage va lui donner confiance en lui pour agir.

Si cela demeure difficile pour l’enfant de persévérer dans l’acquisition de la nouvelle habileté, vous pouvez utiliser des habiletés qu’il a déjà acquises (par exemple: aller sur le petit pot pour faire ses besoins) pour lui faire comprendre qu’il peut aussi  être capable et autonome dans d’autres situations.

Encourager les efforts et réussites de l’enfant

L’enfant peut expliquer comment il agit ou il peut tout simplement faire une démonstration. Si son entourage (ses supporters) sont encourageants, l’enfant se sent important et fier de sa performance d’autonomie. C’est excellent pour développer son estime de soi. La nouvelle habileté acquise sera ainsi renforcée pour s’ancrer dans le comportement de l’enfant.

Rechutes probables

Aucun enfant fait un développement linéaire de son autonomie. En effet, l’enfant peut parfois faire deux pas par en avant et reculer un peu par une rechute avant de consolider ses nouvelles habiletés. Tout ne va pas comme sur des roulettes. Ces rechutes sont normales et font partie du cheminement de chaque enfant. Se servir de son compagnon (toutou ou poupée ou ami imaginaire) est une bonne façon d’aider l’enfant à recommencer à faire des efforts pour consolider ses nouvelles habiletés.

Lorsque l’habileté ciblée est acquise et consolidée, l’enfant peut être fier d’aider lui-même un ami par ses actions ou ses paroles. Par exemple, une enfant qui ne voulait pas attacher ses souliers. L’habileté de faire des boucles a été travaillée. Maintenant, elle est capable et en est fière. Si elle a un ami à la garderie qui ne réussit pas à attacher ses souliers, elle pourrait lui dire: « Tu peux réussir toi aussi car moi je suis capable maintenant »

Célébrer l’acquisition de cette nouvelle habileté

Lorsque l’enfant a acquis sa nouvelle habileté d’autonomie, c’est important de célébrer cette réussite pour lui. C’est la récompense pour les efforts fournis. Cette récompense peut prendre diverses formes dépendamment de chaque enfant pourvu que cela déclenche une grande joie chez l’enfant. Par exemple, pour certains enfants, cela pourrait être d’inviter les amis de la garderie à la maison où il y aura de la musique et des jeux. Pour d’autres, cela peut être d’aller récolter des pommes, d’aller à la plage, etc.

Agir un pas à la fois

Le développement de l’autonomie d’un enfant est comme monter un escalier. Il gravit une marche, peut y demeurer un certain temps pour consolider ses habiletés et puis il est prêt à gravir une autre marche. Donc, lors de problème ou difficultés importantes dans plusieurs habiletés, il faut prioriser et en travailler qu’une à la fois pour être sûr de diminuer les rechutes. Le cheminement doit être perçu de façon positive par l’enfant et par vous le parent qui le soutenez dans son cheminement.

Choisir un nouveau défi

Lorsque l’enfant maîtrise l’habileté qui avait été ciblée et que sa réussite a été célébrée. Il entreprend alors l’apprentissage d’une nouvelle habileté pour poursuivre la démarche d’autonomie.

L’enfant a le choix entre quelques habiletés si certaines sont toutes prioritaires mais il doit en choisir toujours juste une à la fois pour reprendre toutes les étapes.

Résumé des étapes pour faciliter la consolidation d’une habileté de l’enfant

  • L’enfant et le parent conviennent de l’habileté qu’il veut acquérir (convertir des problèmes vécus par l’enfant en habileté à acquérir)
  • Le parent et l’enfant trouvent tous les avantages que l’enfant aura de développer cette nouvelle habileté. L’enfant doit bien comprendre ces avantages.
  • L’enfant choisit un ami imaginaire ou magique qui va l’aider à acquérir cette nouvelle habileté.
  • Le parent et l’enfant identifient des « supporters ». L’enfant doit savoir qui sont « supporters » dans sa démarche « Je suis capable ».
  • Le parent et les « supporters » encouragent l’enfant dans ses efforts et dans ses rechutes.
  • Le parent donne les occasions à l’enfant de montrer ses progrès à ses « supporters » pour l’encourager à poursuivre ses efforts.
  • L’enfant, le parent et les « supporteurs » célèbrent la réussite de l’acquisition de l’habileté.
  • L’enfant peut maintenant enseigner cette habileté à ses amis ou pairs.
  • Le cycle est complet et on choisit une nouvelle habileté.

Françoise Lespérance, ergothérapeute

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