Connaissez-vous la dyspraxie visuo-spatiale?

La dyspraxie est un trouble neurodéveloppemental chez l’enfant qui est très peu connu. De temps en temps, dans une conversation, on peut entendre les mots dyslexie, dyscalculie ou dysorthographie qui refèrent à des troubles d’apprentissages.

Tous ces « dys » font partie des troubles neurodéveloppementaux qu’on retrouve chez les enfants. Certains sont identifiés seulement lorsque l’enfant est rendu à l’école mais la dyspraxie peut parfois être détectée plus tôt. Les orthophonistes vont clarifier si un enfant a de dyspraxie verbale tandis que les ergothérapeutes vont axés leurs évaluations et leurs interventions sur la dyspraxie motrice maintenant nommée trouble développemental de la coordination (TDC).

La dyspraxie verbale touche principalement les muscles et les composantes du langage pour faciliter la prononciation des mots et phrases. Quant à la dyspraxie motrice ou trouble développemental de la coordination, il s’agit d’un trouble moteur qui affecte l’ensemble du corps dans les mouvements moteurs pour les planifier et les coordonner.

Alors pourquoi parle-t-on de dyspraxie visuo-spatiale?

Les gestes du regard peuvent être touchés par la dyspraxie motrice c’est-à-dire que la coordination des mouvements des yeux est aussi problématique. Par exemple, l’enfant va avoir de la difficulté à fixer ou suivre le mouvement d’un objet dans l’espace. Alterner son regard de près et de loin est souvent incoordonné et fatigant. Les mouvements raffinés des saccades visuelles sont difficiles pour lire et écrire.

Également, la perception visuelle des formes et de leurs positions dans l’espace est touchée ainsi que la relation du corps avec son environnement. Donc, lorsque ces fonctions ont un effet significatif pour perturber la vie quotidienne de l’enfant à la maison et à l’école dans des activités tel que écrire, lire, calculer, organiser son espace de travail ou sa chambre, il s’agit de dyspraxie visuo-spatiale ou de trouble développementale de la coordination avec composante visuo-spatiale.

Est-ce facile à détecter?

La dyspraxie est un trouble invisible qui peut grandement affecter l’estime de soi de l’enfant car celui-ci va souvent avoir de la difficulté à faire des jeux de groupe comme le soccer ou le baseball. Il est maladroit, tombe fréquemment ou accroche les objets situés près de lui en créant des catastrophes…L’enfant se fait souvent disputer de par sa maladresse ou son manque d’intérêt pour bouger, courir, lire, écrire, faire des bricolages, etc…

Souvent, les mouvements des yeux sont perçus comme acquis et il y a peu d’investigation qui se fait à ce niveau pour définir si la dyspraxie touche également les gestes du regard. La préoccupation majeure va principalement être de s’assurer que l’enfant a une bonne acuité visuelle et s’il a besoin ou pas de lunettes. La dyspraxie visuo-spatiale n’est pas corrigée par les lunettes et souvent l’enfant a besoin d’exercices spécifiques pour améliorer les capacités motrices des muscles entourant les yeux.

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Fiche d’observation

Voici quelques éléments qui peuvent mettre la « puce à l’oreille » de mieux comprendre et cerner les difficultés de l’enfant qui s’apparente avec de la dyspraxie visuo-spatiale :

  • Maladresse dans les jeux moteurs;
  • Équilibre instable;
  • Lenteur pour exécuter des gestes moteurs tel que dessiner, écrire, s’habiller;
  • N’a peu d’intérêt pour les activités de table tel que dessiner, bricoler, découper;
  • Échappe régulièrement ses ustensiles, se salit beaucoup et aime davantage manger avec ses doigts;
  • Peut mettre ses vêtements à l’envers;
  • Ne réussit pas à attacher ses souliers (faire des boucles);
  • Ne réussit pas à se moucher seul;
  • Maladresse pour se brosser les dents
  • Écrire les lettres est ardu: inversions des lettres, mauvaises directionnalités des traits pour former les lettres et dépassement des trottoirs des cahiers d’écriture.

Au niveau visuel et perceptuel :

  • Difficulté de balayage visuel;
  • Difficulté à reproduire un modèle sur papier (les lettres, les chiffres, un bonhomme,…);
  • Semble avoir peu d’images mentales de la représentation des objets;
  • Semble perdu sur une feuille où il y a beaucoup d’informations;
  • Difficulté à attraper et lancer un ballon ou une balle (objet qui bouge dans l’espace);
  • Difficulté à suivre le contour d’une forme au découpage;
  • Faire de la copie de mots ou de phrase du tableau à la feuille est ardu et lent.

Conclusion

La dyspraxie visuo-spatiale a des répercussions importantes dans la vie de l’enfant même si celui-ci nous semble « normal ». Cet enfant va avoir besoin de l’adulte pour le soutenir dans ses activités quotidiennes à la maison, à l’école et dans ses loisirs. Il va aussi avoir besoin de diverses adaptations pour lui faciliter son autonomie (ex. : lacet élastique au lieu d’apprendre à faire ses boucles) et ses apprentissages scolaires (ex : des adaptateurs de crayons, des règles de lecture, des repères visuelles sur les feuilles, etc…). De mieux comprendre que cet enfant n’est pas paresseux ou désintéressé est primordial pour agir positivement et l’aider dans son développement.

Françoise Lespérance, erg

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